La Journée Internationale des Droits de la Femme

La Journée Internationale des Droits de la Femme

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“La question des droits humains – des femmes notamment – et de leur développement au Maroc est un des objectifs essentiels de notre Centre.

Cette question est en effet au cœur de toute société démocratique : aucun Etat ne peut se réclamer de la démocratie s’il ne respecte pas les principes de la Déclaration universelle des Droits de l’homme et de tous les engagements conventionnels et législatifs qui sont venus compléter la déclaration de 1948.

Dans tous les pays, le respect des principes des droits de l’homme et leur mise en œuvre par les gouvernements est un combat incessant de contrôle, de vérification et de légitimation des mesures prises. En ce qui concerne la situation de la femme dans la société musulmane, notre Centre l’a abordée dans ses conférences et colloques.

Dans la séance du 25 mai 2015, le professeur Abdallah Chérif Ouazzani  a commenté l’ouvrage de Mohamed Hassan Ouazzani “Islam, Société et Civilisation”, en particulier le chapitre qui traite de la situation de la femme en Islam avec une perspective d’avenir d’une société démocratique.

Lors de la Journée commémorative du 15 septembre 2015, le professeur Mohamed Mouaquit a traité de « La question de la femme à la lumière des écrits de Mohamed Hassan Ouazzani ».

Lors de la conférence du 24 mars 2016, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le professeur Abdelhakim Chafai et le professeur Hassan Ouazzani-Chahdi ont traité le sujet ” Les droits de la femme au Maroc – حقوق النساء بالمغرب بين طموحات الكونية و إكراهات الخصوصية “.

Le 19 octobre 2017, ” Les Soulaliyates en mouvement: lutte pour l’égalité et le droit à la terre ” par professeure Fadma Ait Mous et professeur Mohammed Mouaquit.

Le 7 mars 2018, ” L’approche “genre” au Maroc: acquis et perspectives “, par professeure Rachida Naciri et professeur Monssef Sedki Alaoui.

Le 9 mars 2023, ” Parcours de Femme. La Femme marocaine entre son passé et son avenir : réalités et enjeux “, par professeure Aicha Ouazzani Chahdi, Professeure Fatima El Massoudi et professeure Rachida Naciri.

Dans plusieurs interventions, notamment dans le documentaire “رواد” de la chaîne Al OULA et dans “Etat et société au Maroc – les défis du monde moderne” (p.221-231),  la professeure Jawhara Filali-Baba, a exposé divers aspects du rôle de la femme dans la société marocaine, selon la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani.

Dans son combat pour la libération du Maroc et pour la modernisation de la société, mon père Mohamed Hassan Ouazzani a accordé une priorité à l’organisation et à l’éducation civique et professionnelle de la femme. Il était d’ailleurs conscient du rôle qu’ont joué les femmes – mères, épouses, filles de résistants – dans la libération de notre pays.

C’est avec une grande émotion que je dois évoquer la mère de mon père Mohamed Hassan Ouazzani – Lalla Halima – qui n’a cessé de soutenir son fils, déjà dans ses études, puis tout au long de son action militante. C’est elle qui a fondé à Fès la première section des « Sœurs de la Pureté » Akhawat Assafa, tandis que ma tante – Lalla Zina disparue en 2015 – en était la trésorière. C’est aussi une femme courageuse de Fès, Madame Amraoui, qui a formulé publiquement les premières revendications de la femme marocaine en 1943, donc plusieurs années avant la création par un groupe de femmes du PDI de l’Association des femmes marocaines à Casablanca, en 1948.

Je tiens aussi à rendre hommage à ma mère –Lalla Oum Keltoum – pour le soutien indéfectible accordé à mon père, durant son long exil, loin de Fès, puis à l’étranger, assumant avec dignité et abnégation la charge de sa famille, l’éducation de ses enfants : pour elle aussi sans doute, l’amour pour son mari se confondait avec l’amour de son pays. Une femme exemplaire !

Une des grandes figures du militantisme féminin et syndicaliste engagée, – disparue en 2016 – une inconditionnelle de la lutte pour l’évolution de la femme dans la société, est la légendaire Lalla Zahra Skallia (La Ahma): elle a été une des premières figures emblématiques de la « Jeunesse démocratique » (Maghreb El Ghad) et dans Akhawat Assafa ensuite : je tiens à lui rendre un grand hommage !

Lors du premier congrès féminin organisé à Fès les 12 et 13 décembre 1947, Lalla Habiba Guessous, présidente du congrès, Lalla Amina Haram, secrétaire générale du congrès et Lalla Zineb Alaouia, représentante de la région de Salé ont défini tous les points de revendications (p.10-13) et tous les droits réclamés par toutes les femmes marocaines de l’association de Akhawat Assafa dans plusieurs villes du Maroc.

Lalla Habiba Guessous, présidente de l’association Akhawat Assafa, a prononcé le 11 mars 1951 un discours (p.43-49) qui présente un rapport détaillé et rappelle les objectifs réalisés par le mouvement féminin dans “Al-Maghreb Al-Aqsa”.

Des témoignages de la lutte des femmes pour l’égalité, pour le respect de leurs droits fondamentaux, nous en trouvons un grand nombre en consultant le journal du PDI « Démocratie », publié en 1957-1958 ! Ces témoignages de lutte, de revendications franches sont accessibles sur ce site dans leur intégralité. Mais il faudrait pouvoir recueillir les témoignages non écrits, les souvenirs de celles qui ont pris part à ce combat.

A l’aube de l’indépendance, cette lutte des femmes s’est nourrie de l’énorme espoir de la marche vers un Maroc nouveau, prospère et juste pour toute la nation. Hélas, la désillusion a été cruelle !

En relisant certains de ces appels, les prises de position qui ont suivi l’accession à l’indépendance en 1956, on peut constater que la société marocaine a été bloquée pendant longtemps, la marche vers la libération de la femme et de la reconnaissance de ses droits a été très lente ; elle est loin des promesses escomptées au moment de l’indépendance, il y a soixante-cinq ans !

Pourtant, il faut reconnaître que des étapes importantes ont été franchies dans le sens d’une amélioration significative des conditions de la femme marocaine sur le plan privé et public dans la Nouvelle Moudawana et la Constitution de 2011. Je tiens à rendre un vibrant hommage aux initiatives novatrices et courageuses de Sa Majesté le Roi Mohamed VI qui accorde une place de plus en plus importante à la femme dans la société marocaine et à l’extension de ses droits.”

Dr. Houria Ouazzani

Présidente du Centre Mohamed Hassan Ouazzani

Historique de la Journée Internationale des Droits de la Femme

La journée internationale des droits des femmes ou journée des droits des femmes ou encore journée des femmes est célébrée dans de nombreux pays à travers le monde le 8 mars. Les droits de la femme font partie intégrante des droits de l’homme, mais de nombreuses femmes voient leurs droits remis en question, limités ou réduits. Les femmes voient aujourd’hui un peu plus rongés leurs droits au regard de la loi, qui n’ont jamais été égaux à ceux des hommes sur aucun des continents. Cette journée internationale de lutte des femmes encourage la mobilisation et le militantisme pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Le saviez-vous ? La « Journée de la Femme » n’existe pas ! Dites plutôt « Journée des femmes ».

3 questions sur la journée internationale des droits de la femme

Certaines journées ont des symboliques plus fortes que d’autres puisqu’elles sont dédiées à des thèmes bien particuliers : environnement, santé, patrimoine…Mais d’où vient le thème de la journée internationale des droits des femmes ? Voici 3 réponses pour en savoir plus sur cette journée.

Quelle est l’origine de cette fameuse date ?

La Journée nationale des femmes est attribuée aux socialistes américaines qui célèbrent une journée dédiée à l’égalité des droits civiques en 1909. Par la suite, une journaliste allemande encouragera toutes les femmes socialistes de tous les pays à organiser chaque année une Journée internationale des femmes au cours de la seconde conférence internationale des femmes socialistes en 1910. Les Nations Unies officialisent ensuite la journée du 8 mars dès 1977.

Quel rapport avec la révolution russe ?

La Journée des femmes est oubliée lors de la Première Guerre mondiale mais les femmes russes la remettent au goût du jour le 8 mars 1917 lors d’une grande manifestation ouvrière à Saint-Pétesbourg où elles réclament le retour des hommes du front ainsi que du pain. C’est un des premiers actes qui vont conduire à la révolution russe ainsi qu’à l’abdication du Tsar. Cette journée du 8 mars est alors inscrite comme une célébration de la femme et du communisme dans le calendrier de nombreux pays de l’Est.

Qu’en est-il de la France ?

Si les Nations Unis reconnaissent cette journée depuis 1977, la France l’inscrit dans son calendrier seulement en 1982 sous l’impulsion d’Yvette Roudy qui est alors la ministre déléguée aux droits des femmes. Le 8 mars de la même année donne alors lieu à de nombreuses manifestations et est marqué par un discours de François Mitterrand, le président de l’époque, ainsi qu’une réception donnée à l’Elysée où il reçoit 450 femmes de milieux socioprofessionnels différents et d’associations féministes. Cette journée conduit à de nombreuses mesures en faveur des droits des femmes.

Et qu’en est-il du Maroc ?

 

Maroc : comprendre la faible participation des femmes à la vie active

L’insertion des femmes sur le marché du travail est une difficulté chronique au Maroc. Pourtant, les avantages d’une participation accrue des femmes à la population active sont évidents, tant sur le plan macroéconomique, où elle permettrait d’améliorer la capacité de production du pays et de soutenir la croissance, que sur le plan microéconomique, où elle se traduirait par une plus grande reconnaissance sociale des femmes, avec à la clé un investissement des ménages plus important dans l’éducation et la santé.

À ce jour, le peu d’études microéconomiques examinant les raisons pour lesquelles la participation des femmes demeure si faible au Maroc sont pour la plupart dépassées. Dans un document de travail intitulé Trends and Determinants of Female Labor Force Participation in Morocco: An Initial Exploratory Analysis (a), nous nous penchons sur les défis auxquels le Maroc est confronté. Notre travail dresse dans un premier temps le profil de la main-d’œuvre marocaine, les facteurs démographiques jouant un rôle clé dans les taux d’activité. Dans un deuxième temps, nous analysons les caractéristiques qui défavorisent les femmes, au niveau individuel et des ménages. Les données proviennent de 18 enquêtes nationales sur l’emploi réalisées entre 2001 et 2018, trois enquêtes mondiales sur les valeurs menées entre 2001 et 2011, ainsi que de quatre enquêtes de l’Arab Barometer conduites de 2006 à 2017.

Au Maroc, le taux de participation des femmes à la population active reste l’un des plus bas du monde. Il a même régressé en vingt ans, malgré un PIB par habitant plus élevé, un taux de fécondité plus faible   et un meilleur accès à l’éducation. Avec un taux de 21,6 % en 2018, le Maroc occupait en 2018 la 180e place sur un échantillon de 189 pays. En d’autres termes, 78,4 % des Marocaines âgées de 15 à 65 ans n’étaient ni en activité ni à la recherche d’un emploi.

En outre, dans une région — Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) — traditionnellement marquée par un faible niveau d’activité féminine, le Maroc figure parmi les rares pays qui ont connu une baisse prolongée de ces taux, et ce depuis le plus longtemps : la participation des Marocaines au marché du travail a culminé à 26,3 % en 2004. Si cette tendance persistait, le taux d’activité féminine au Maroc pourrait être inférieur à la moyenne régionale (21%). 

La démographie : un élément clé 

L’étude des caractéristiques de la main-d’œuvre marocaine nous indique que, même si le taux d’activité des femmes et des hommes a globalement diminué ces vingt dernières années, un écart de 50 points de pourcentage persiste entre les sexes (figure 1), avec des dynamiques différentes en zones urbaines ou rurales. Chez les hommes, ce fléchissement concerne en majorité les jeunes, en raison de leur plus grande scolarisation ; chez les femmes, cette tendance à la baisse touche tous les âges sans être nécessairement corrélée aux études. Ces aspects démographiques ont une incidence sur le taux d’activité, mais aussi sur l’emploi et le chômage.

Figure 1. Taux d’activité des femmes et des hommes : de fortes disparités persistent 

 

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Source : HCP Enquête National sur l’emploi (ENE), 2001-2018

Globalement, ces tendances mettent au jour l’existence de deux marchés du travail distincts : l’un en milieu rural, où l’emploi et l’activité sont plus élevés chez les deux sexes, et l’autre en milieu urbain, où l’inactivité, très majoritaire chez les femmes, reste relativement faible chez les hommes, mais gagne du terrain.

L’importance des rôles assignés à chaque sexe, notamment pour l’activité des femmes

Quels freins entravent l’insertion des femmes sur le marché du travail ? Pour répondre à cette question, nous avons recouru à des modèles probit et à un modèle logit multinomial. D’après nos résultats, certaines caractéristiques chez les individus et dans les ménages font obstacle à l’activité des femmes, la création d’emplois urbains au Maroc n’ayant pas contrebalancé la destruction d’emplois agricoles. Ces caractéristiques s’ajoutent au préalable d’une baisse globale du taux d’activité pour les deux sexes. Voici les principales conclusions de notre étude :

  • Il y a corrélation entre hausse du niveau d’instruction et augmentation du taux d’activité chez les femmes, même si ce lien s’effrite au fil du temps. L’éducation des femmes a un impact très inégal, selon les régions et le niveau d’instruction ;
  • Au sein d’un foyer, plus le chef de famille est instruit, plus il y a de chances qu’une femme ne travaille pas. Cette incidence croît avec le temps, surtout chez les ménages ruraux ;
  • le mariage diminue la probabilité d’une participation au marché du travail. Le célibat réduit la probabilité d’être inactif de 30 % en milieu urbain et de 20 % en zones rurales ;
  • au sein d’un foyer, la probabilité qu’une femme ne travaille pas augmente avec la présence d’autres femmes inactives. Cette incidence croît avec le temps en milieu rural comme en milieu urbain.

Y a-t-il d’autres facteurs susceptibles d’expliquer le déclin de l’activité des femmes au Maroc ? En particulier, les limites qui pèsent sur la demande d’emploi féminin pourraient être liées à une vision traditionnelle à l’égard du travail des femmes qui écarte celles-ci de la vie active.

Dans une enquête réalisée en 2011, 75 % des hommes et 47 % des femmes ont répondu qu’ils étaient d’accord avec l’affirmation suivante : « Quand les emplois sont rares, les hommes devraient avoir plus le droit à un emploi que les femmes ». Par conséquent, en partant de l’hypothèse qu’en matière de travail, les hommes décident pour les femmes, on peut s’attendre à une moindre participation des femmes à la vie active en raison de l’idée profondément ancrée selon laquelle l’homme doit être le soutien de famille et devrait accéder en priorité aux offres d’emploi, tandis que la femme devrait se consacrer aux tâches domestiques.

À l’affirmation « Les femmes peuvent travailler à l’extérieur de leur foyer si elles le souhaitent », 35,6 % des hommes interrogés ont exprimé leur désaccord contre seulement 14,8 % des femmes. Les femmes sont, à l’évidence, nettement plus nombreuses que les hommes à penser qu’elles ont le droit de travailler. 

Au fond, le Maroc doit encore faire le constat des bénéfices induits par la participation des femmes à la vie active en contrepoint de son développement. La persistance des disparités entre les hommes et les femmes peut relever d’une création insuffisante d’emplois en milieu urbain qui compenserait la destruction des emplois en zones rurales. Parallèlement, le taux de chômage des femmes en milieu urbain dépasse celui des zones rurales, ce qui tendrait à indiquer que leur découragement est à l’origine de la progression de l’inactivité féminine. Les caractéristiques démographiques sont également des facteurs importants : nombre d’enfants, situation matrimoniale, niveau d’études du chef de famille, éducation des femmes, etc. Enfin, les rôles assignés à chaque sexe sont susceptibles d’éloigner les femmes du marché du travail et de freiner le redressement des taux d’activité féminine.

Consulter l’article source:  https://blogs.worldbank.org/fr/voices/maroc-comprendre-la-faible-participation-des-femmes-la-vie-active?cid=SHR_BlogSiteEmail_FR_EXT