Author - CMHO

ETAT DE DROIT ET DÉMOCRATIE À LA LUMIÈRE DE LA PENSÉE DE MOHAMED HASSAN OUAZZANI

Affiche_Etat de droit et Démocratie_15-09-2015A l’occasion de la 36ème commémoration du décès de Mohamed Hassan Ouazzani (1978 – 2015) qui coïncide avec la journée internationale de la Démocratie, le Centre Mohamed Hassan Ouazzani a organisé le 15 septembre 2015, à partir de 10h, une journée commémorative sous le thème « Etat de droit et Démocratie à la lumière de la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani ».

Afin de rendre hommage à cet éminent patriote et pour animer cette journée, nous avons eu l’honneur et le plaisir de recevoir parmi nous des professeurs universitaires, politologues, historiens et journalistes dont le respect et l’intérêt pour la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani ne sont plus à prouver, ce qui constitue pour nous le pivot de cette journée.

« Dans le domaine des rapports entre l’individu et l’Etat, l’éthique qui limite le pouvoir de celui-ci doit établir le principe inviolable du respect de la dignité de la personne humaine considérée comme source de liberté et d’esprit créateur. D’où l’obligation de concilier l’autorité et la liberté, d’assurer l’équilibre entre la liberté possible des citoyens et l’autorité nécessaire de l’Etat. La première est assurée par les garanties constitutionnelles résultant de la définition des droits individuels, de l’existence du principe de la légalité dans l’administration et de l’indépendance des tribunaux. La deuxième repose sur un pouvoir qualifié, intègre et efficace. »[1]

Dans quelques-unes des conférences-débats organisées par la Centre depuis le début de l’année 2015, on a relevé la distinction à faire entre l’Etat de Droit et Démocratie.

Si l’établissement de l’Etat de Droit a signifié un progrès significatif de l’organisation de la société, il peut être régi par une formule d’organisation autre que la Démocratie. En revanche, la Démocratie s’inscrit dans l’Etat de Droit. La démocratie peut prendre des formes diverses dans le temps et dans l’espace. Son établissement résulte d’une lutte souvent longue et exige de ses promoteurs persévérance et courage.

« La lutte pour l’établissement de ces principes démocratiques est une lutte amère. Pour les réaliser, nous devons d’abord les faire pénétrer dans l’esprit d’un peuple qui a vécu dans l’esclavage pendant des siècles, puis mener une autre lutte plus dure encore contre les forces réactionnaires et tyranniques qui ne peuvent concevoir leur existence qu’en écrasant le peuple sous le faix de l’ignorance et de la misère. »[2]

Les écrits de Mohamed Hassan Ouazzani sur la nécessité d’un Etat constitutionnel et de la Démocratie, si l’on veut tenter de« réaliser le bonheur des peuples », sont nombreux et riches d’enseignements, sur les modalités de doter le  Maroc d’un Etat de Droit et d’institutions démocratiques.

Le Centre Mohamed Hassan Ouazzani propose de nourrir nos réflexions à partir de quelques textes-clés de l’œuvre de Mohamed Hassan Ouazzani, de confronter ses propositions sur l’instauration de la Démocratie au Maroc, depuis son combat dans les années trente, durant la relance de sa lutte après sa libération dès 1946, puis dans le contexte de l’indépendance, et enfin ses arguments en faveur d’une Constitution démocratique.

[1] Extrait d’une note manuscrite de Mohamed Hassan Ouazzani définissant l’idéologie de son Parti – PDI, publié dans : « Entretiens avec mon père », Izarab Mohamed Hassan Ouazzani, Fès, Fondation Mohamed Hassan Ouazzani, 1989, pp. 40-41.

[2] Extrait traduit d’un article de Mohamed Hassan Ouazzani « Choura et indépendance, ensemble.

 (الشورى و الاستقلال معا) paru en 1952 dans Raï Al-Amm (الرأي العام), publié dans « Entretiens avec mon père », Izarab Mohamed Hassan Ouazzani, Fès, Fondation Mohamed Hassan Ouazzani, 1989, p.33.

Programme :

10h00 : Accueil des participants

Allocution de Bienvenue : Houria Ouazzani Touhami, Présidente du Centre Mohamed Hassan Ouazzani

10h30 – 12h30 : 1ère Séance

Président de séance : Abdellah Chérif Ouazzani,

Professeur en études islamiques – Université Mohamed V – Rabat

Mohamed Mouaqit : Professeur de Sciences Politiques – Université Hassan II – Casablanca

La question de la femme à la lumière des écrits de Mohamed Hassan Ouazzani

Driss El Ganbouri : Journaliste et chercheur – Rabat (Absent)

L’Islam et l’Etat dans la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani*

12h00 : Discussion / débat

12h30 : Pause-déjeuner

14h00 – 16h00 : 2ème Séance

Président de séance : Antoine Fleury, Professeur d’Histoire des Relation Internationales – Université de Génève

Abdelouhab Maalmi : Professeur de Relations Internationales – Université Hassan II – Casablanca

Démocratie et choura dans la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani

M’Barek Zaki : Professeur – Université Mohamed V  Souissi – Rabat

L’actualité de la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani

15h30 : Discussion/Débat

16h00 : Pause-café

16h30 – 18h30 : 3ème Séance

Président de séance : Mostafa Bouaziz, Professeur d’Histoire moderne – Faculté de Lettres – Ain Chock

Seddik Maaninou : Journaliste et écrivain – Rabat

Mohamed Hassan Ouazzani : La mémoire*

Mohamed Maarouf Dafali, Professeur d’Histoire moderne – Faculté de Lettres – Ain Chock

Le concept de liberté selon Mohamed Hassan Ouazzani*

18h00 : Discussion/Débat

18h30 :Présentation du livre  « Etat et société au Maroc : Les défis du monde moderne », Actes du Colloque International en hommage à Mohamed Hassan Ouazzani, organisé par la Fondation Mohamed Hassan Ouazzani à Fès les 25-26-27 novembre 2010.

19h00 :Collation et exposition des œuvres

de Mohamed Hassan Ouazzani

Abdellah Chérif Ouazzani

: رئيس الجلسة 

عبـد الله شريف وزاني شاهدي

دكتور في الدراسات الإسلامية – جامعة محمد الخامس بالرباط

أستاذ زائر بشعبة الدراسات الإسلامية/ بكلية الآداب و العلوم الإنسانية جامعة الشيخ شعيب الدكالي بالجديدة…قراءة المزيد

 

Mohamed Mouaquit

Docteur d’Etat en Sciences Politiques de l’Université Paris II. France. Il est actuellement professeur  de sciences politiques à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca… lire la suite.

IMG_5324

إدريس الكنبوري 

 مفكر وباحث مغربي في الجماعات الإسلامية والمسألة الدينية والفكر الإسلامي

صدرت له أربعة كتب هي”العراق أولا: الاستراتيجية الأمريكية الإسرائيلية في العالم العربي”، و”سلفي فرنسي في المغرب: رحلة الأمير التائه من بيشاور إلى طنجة”، و”الإسلاميون  بين الدين والسلطة: مكر التاريخ وتيه السياسة”، و”شيوعيون في ثوب إسلامي: محطات في الإسلام السياسي  والسلفية

“و رواية “زمن الخوف

Président de séance : Antoine Fleury

Professeur émérite de l’Université de Genève où il a enseigné l’histoire des relations internationales et de l’intégration européenne. Ses recherches et ses publications portent sur l’histoire des relations internationales au XXe siècle, notamment sous l’angle de la coopération que ce soit dans l’entre-deux-guerres ou après la deuxième guerre mondiale… lire la suite.

Maalmi

Abdelouhab Maalmi

Docteur d’Etat en sciences politiques de l’Université Bordeaux I, France. Ambassadeur du Maroc au Vatican de 1997 à 2001, professeur depuis 1976 à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’Université Hassan II, Casablanca. Spécialiste des relations internationales, il enseigne la Théorie des relations internationales, la Géopolitique  et l’Analyse de la politique étrangère… lire la suite.

M'Barek Zaki

مبارك زكي

أستاذ باحث في معهد البحث العلمي بجامعة محمد الخامس بالرباط

صدرت له عدة كتب تشكل مراجعا في مجال تاريخ المغرب
كان وراء إنشاء العديد من المجلات العلمية المغربية والأجنبية
نائب الأمين العام لإتحاد المؤرخين العرب
و الأمين العام المؤسس للجمعية المغربية لتاريخ النقل البحري

Président de séance : Mostafa Bouaziz

Historien, titulaire d’un Doctorat d’Etat à l’Université Paris I Panthéon –Sorbonne et d’un diplôme de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris. Il est actuellement Professeur de l’Enseignement Supérieur à l’université Hassan II de Casablanca. Il est également Conseiller scientifique de la revue Zamane et membre fondateur de l’Association Marocaine de la recherche historique.

Mostafa Bouaziz a contribué à la rédaction de plusieurs articles dans la presse marocaine et est aussi l’auteur de plusieurs livres et ouvrages dont : Aux origines de la Koutla démocratique (éditions de la Faculté des lettres Aïn Chok, 1997).

Seddik Maaninou

محمد الصديق معنينو

صحفي وكاتب

مدير سابق  للشركة الوطنية للإذاعة و التلفزة
أمين عام سابق لوزارة الاتصال

محمد معروف الدفالي :

نائب رئيس مركز محمد حسن الوزاني للدموقراطية و التنمية البشرية.

مؤرخ مهتم بتاريخ المغرب المعاصر والراهن . أستاذ جامعي بكلية الآداب عين الشق ، جامعة الحسن الثاني ـ الدار البيضاء.

قراءة المزيد.

La Cour Constitutionnelle Internationale

Cette conférence a porté sur le thème de « La Cour Constitutionnelle Internationale» et a été animée par Pr. Henri Pallard et présidée et modérée par Pr. Hassan Ouazzani-Chahdi.

Certains milieux juridiques nourrissent l’idée d’une Cour Constitutionnelle Internationale comme moyen d’appui au développement démocratique et de protection pour les institutions démocratiques. Cette proposition suscite plusieurs questions :

  • Dans un premier temps, Pr. Pallard a examiné la justification mise en avant pour la création éventuelle de la Cour Constitutionnelle Internationale.
  • Dans un deuxième temps, il a examiné la normativité sur laquelle repose cette proposition.
  • Dans un troisième temps, il s’est penché sur la démocratie qui serait protégée par un droit international. Nous assistons à un double mouvement ayant des effets réciproques sur les uns et les autres — l’internationalisation du droit constitutionnel et la constitutionnalisation du droit international. De nouveau, une Cour Constitutionnelle Internationale est perçue comme l’institution de choix pour la protection de la démocratie.
  • Dans un dernier temps, il s’est interrogé sur les principes qui seraient protégés par cette Cour. Seraient-ce les élections par lesquelles la démocratie s’exprime? Seraient-ce les principes, comme la séparation des pouvoirs, par lesquels l’état de droit s’exprime? Seraient-ce les droits fondamentaux de la personne, la liberté et l’égalité?
  • Pr. Pallard a terminé en examinant des pratiques électorales qui poseront des défis de taille à la compétence de la Cour, entre autres, la configuration arbitraire des districts électoraux, le financement des campagnes électorales et la disparité raciale et de genre des candidats aux élections.

Président de séance :

Hassan Ouzzani-Chahdi est Vice-Président du CMHO. Il est actuellement professeur honoraire de Droit Public à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales-Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca… lire la suite.

Conférencier :

Henri Pallard est professeur et chercheur à l’Université Laurentienne (Sudbury, Canada) depuis 1986. En 2014, Il a également été nommé professeur associé à l’Université de Sherbrooke. Après avoir obtenu son doctorat en Philosophie du Droit de l’Université de Nice (1981, France), il a obtenu son LL.B. (common law) de l’Université McGill (1984, Québec)…. lire la suite.

L’islam, la société et la civilisation – الاسلام و المجتمع و المدنيّة

 في إطار اللقاءات العلمية الشهرية التي برمجها مركز محمد حسن الوزاني للديمقراطية والتنمية البشرية

نظم المركز جلسة علمية حول كتاب محمد حسن الوزاني: الاسلام و المجتمع و المدنيّة

بتاريخ 25 ماي 2015 في الساعة 16:00 بمقره الكائن بـ 53 زنقة علال بن عبد الله ، الدار البيضاء

ترأس هذه الجلسة
محمد معروف الدفالي: استاذ و باحث و دكتور في التاريخ المعاصر بكلية الآداب ـ عين الشق

وشارك فيها الأساتذة

حسن أوريد : مؤرخ المملكة السابق و استاذ و مفكر و دكتور في العلوم السياسية بجامعة محمد الخامس
“مدخل عام لفكر محمد حسن الوزاني”

عبد الله الشريف الوزاني: استاذ و باحث و دكتور في الدراسات الاسلامية بجامعة محمد الخامس
“الاسلام و المجتمع و المدنيّة”

Affiche_25-05-2015

ترأس هذه الجلسة
محمد معروف الدفالي: استاذ و باحث و دكتور في التاريخ المعاصر بكلية الآداب ـ عين الشق

وشارك فيها الأساتذة

حسن أوريد : مؤرخ المملكة السابق و استاذ و مفكر و دكتور في العلوم السياسية بجامعة محمد الخامس
مدخل عام لفكر محمد حسن الوزاني

عبد الله الشريف الوزاني: استاذ و باحث و دكتور في الدراسات الاسلامية بجامعة محمد الخامس
الاسلام و المجتمع و المدنيّة

عبد الله الشريف الوزاني

استاذ و باحث و دكتور في الدراسات الاسلامية

بجامعة محمد الخامس … قراءة المزيد

حسن أوريد

مؤرخ المملكة السابق و استاذ و مفكر و دكتور في العلوم السياسية

بجامعة محمد الخامس

محمد معروف الدفالي

نائب رئيس مركز محمد حسن الوزاني للدموقراطية و التنمية البشرية.

مؤرخ مهتم بتاريخ المغرب المعاصر والراهن . أستاذ جامعي بكلية الآداب عين الشق ، جامعة الحسن الثاني ـ الدار البيضاء…قراءة المزيد.

Le mouvement migratoire marocain : influence sur l’économie et la sécurité du Maroc

Dans le cadre de son cycle de conférences mensuelles pour l’année 2015,

le Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement Humain a organisé sa 4ème conférence le jeudi 30 avril 2015 à 16h00.

Cette conférence a porté sur le thème “Le mouvement migratoire marocain : influence sur l’économie et la sécurité du Maroc” et a été présidée par Professeur Hassan Ouazzani-Chahdi et animée par Monsieur Mustapha Ouazzani-Chahdi, ancien réfugié politique, spécialiste de l’immigration arabo-musulmane vers l’Europe.

Le mouvement migratoire marocain est, sur le plan économique, une hémorragie plus qu’il n’est une soupape. Sur le plan sécuritaire, il est une arme à double tranchant, surtout dans la conjoncture mondiale actuelle où sévit le « terrorisme international ».

Cette Conférence a tenté de mettre en exergue cette dualité et d’en analyser les conséquences tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Maroc.

Président de séance :

Hassan Ouzzani-Chahdi est Vice-Président du CMHO. Il est actuellement professeur honoraire de Droit Public à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales-Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca… lire la suite.

Conférencier :

D’abord cadre à la Direction de la Sûreté Nationale chargé des communications sans-fil, puis professeur d’arabe au lycée de la mission française, Mustapha Ouazzani a été arrêté en octobre 1963 et détenu secrètement dans la tristement célèbre villa Mokri.

Contraint de fuir le Maroc pour éviter une nouvelle arrestation, il est alors réfugié politique en France où il exerce en tant que journaliste, spécialiste de l’immigration et consultant en médias auprès de plusieurs Cabinets ministériels français… lire la suite.

La démocratie, un enjeu majeur de la politique mondiale

Dans le cadre de son cycle de conférences mensuelles pour l’année 2015,

le Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement Humain a organisé sa 3ème conférence le 27 mars 2015 à 16h00.

Cette conférence a porté sur le thème :

“La démocratie – un enjeu majeur de la politique mondiale”

Elle a été présidée par Professeur Mohamed Bennani et animée par le Professeur Antoine Fleury, Professeur émérite d’histoire des relations internationales et de l’intégration européenne à l’Université de Genève .


Dans un contexte de mise en cause de la démocratie et des droits fondamentaux de l’homme, il est bon de s’interroger sur l’avènement de la démocratie et de ses manifestations  dans une perspective historique.

Comment concevoir une Société mondiale fondée sur des principes et des pratiques démocratiques tant que les sociétés nationales ne sont pas acquises aux idées et aux pratiques de la démocratie ?  Autrement dit, une certaine homogénéité des régimes politiques et sociaux, notamment sous l’angle du partage de valeurs communes, est une condition essentielle à l’établissement d’un ordre démocratique à l’échelle de la planète.

Pr. Fleury a examiné comment depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, rares sont les Etats qui ne se réclament pas de l’idéal démocratique et qui n’en utilisent pas le langage ou les instruments !

Il est reconnu que la démocratie a une nature propre à valeur universelle, mais elle ne peut exister que réfractée dans des situations très diverses, au point que l’on parle  de démocraties plurielles. Il n’y a aucune légitimité à affirmer que la démocratie doive correspondre à un seul modèle.

Dans les « vécus démocratiques », les régimes politiques empruntent fréquemment des formes et des instruments de la démocratie à plusieurs modèles. Dès lors, pour la clarté du propos, il est utile de dresser un inventaire des modèles de régimes démocratiques tant dans le temps que dans l’espace.

Pr. Fleury a aussi évoqué la question de savoir dans quelle mesure l’impérialisme colonial a été un vecteur ou un frein à l’avènement de la démocratie dans le monde.

L’histoire montre surtout que l’établissement de la démocratie dans un pays et a fortiori dans le monde doit résulter d’un processus propre à chaque société humaine organisée. Autrement dit, une société démocratique ne peut acquérir des bases solides qu’à la suite d’un long cheminement intérieur  et non par l’introduction par la force. Les interférences de puissances étrangères peuvent freiner, voire mettre en cause l’évolution vers l’établissement de régimes démocratiques.

Les interventions pour la promotion de la démocratie qui se sont multipliées à la fin du 20e siècle et depuis le début de ce 21esiècle montrent toute la complexité des actions de domination ou de régulation au titre de la bonne gouvernance ; elles révèlent aussi les enjeux contradictoires qui interagissent dans la conduite des relations internationales. Il n’en demeure pas moins qu’aucune démocratie ne pourra durablement s’établir contre la volonté des peuples concernés.

Pour un développement de la problématique voire :

Antoine FLEURY « L’instauration de la démocratie dans le monde : un enjeu majeur de la politique internationale »,  Mémoires et émotions. Au cœur de l’histoire des relations internationales (Antoine Marès et Marie-Pierre Rey (éds), Publications de la Sorbonne, 2014, p. 261-271 ;

Antoine FLEURY « Droits de l’homme et enjeux humanitaires », Pour l’histoire des relations internationales (sous la direction de Robert Frank), PUF, 2012, Chap. 20, p. 453-474.

Président de séance :

Mohamed Bennani a été récemment désigné membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme (CDH) des Nations unies pour un mandat de trois ans.

Professeur à la faculté de droit de Casablanca depuis 1975, il  y dirige en outre le Centre d’études doctorales… lire la suite.

Conférencier :

Antoine Fleury est professeur émérite de l’Université de Genève où il a enseigné  l’histoire des relations internationales et de l’intégration européenne. Ses recherches et ses publications portent sur l’histoire des relations internationales au XXe siècle, notamment sous l’angle de la coopération que ce soit dans l’entre-deux-guerres – Société des Nations, Plan Briand d’Union européenne – ou après la deuxième guerre mondiale… lire la suite.

Extrait de Mémoires et émotions. Au cœur de l’histoire des relations internationales – Antoine Marès et Marie-Pierre Rey (éds), Pub. de la Sorbonne, 2014 :

 Antoine FLEURY « L’instauration de la démocratie dans le monde : un enjeu majeur de la politique internationale », p. 261-271.

L’instauration de la démocratie dans le monde – Un enjeu majeur de la politique internationale_Mémoires et émotions

Extrait de Pour l’histoire des relations internationales  Robert Frank (sous la dir. de), PUF, 2012 :

Antoine FLEURY « Droits de l’homme et enjeux humanitaires »,  p. 453-474.

Droits de l’Hommes et enjeux humanitaires_Pour l’histoire des relations internationales

La liberté de conscience au Maroc

Dans le cadre de son cycle de conférences mensuelles pour l’année 2015,

le Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement Humain a organisé sa 2ème conférence le 27 février 2015 à 16h00.

Cette conférence a porté sur le thème :

« La liberté de conscience »

Elle a été présidée par Professeur Hassan Ouazzani-Chahdi et animée par le Professeur Mohamed Mouaquit, docteur en sciences politiques et actuellement professeur à la Faculté de Droit de Casablanca.


La liberté de conscience a fait au Maroc son entrée dans l’espace public de revendication des droits. De quoi ce fait est-il révélateur ? Qu’est-ce qui fait de cette liberté de conscience une valeur problématique ? Dans quelle mesure le système de valeurs des sociétés musulmanes peut-il disposer à accueillir en son sein la liberté de conscience ?

L’objectif de la communication est de présenter, à travers le cas du Maroc, la manière dont cette problématique est confrontée. Le cas du Maroc est significatif du paradoxe d’un Etat fortement lesté de la symbolique théologico-politique de la «Commanderie des musulmans», qui est particulière au Maroc, mais dont l’évolution est fortement marquée par la sécularisation. Le droit marocain peut être évalué comme étant au-delà de la simple liberté de cultes, mais en-deçà de la liberté de conscience, tout en semblant présenter une plus grande disposition à accueillir dans son système de valeurs la liberté de conscience.

Président de séance :

Hassan Ouzzani-Chahdi est Vice-Président du CMHO. Il est actuellement professeur honoraire de Droit Public à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales-Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca… lire la suite.

Conférencier :

Mohamed Mouaquit est  docteur d’Etat en Sciences Politiques de l’Université Paris II. France. Il est actuellement professeur  de sciences politiques à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales. Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca… lire la suite.

Histoire du Maroc : réactualisation et synthèse – تاريخ المغرب ، تحيين وتركيب

نظرا لأهمية كتاب “تاريخ المغرب ، تحيين وتركيب” في الساحة الثقافية المحلية والعالمية ، منذ صدوره عن المعهد الملكي للبحث في تاريخ المغرب،

ونظرا للاهتمام الذي أحاطته به مختلف شرائح المثقفين والمهتمين

وفي إطار اللقاءات العلمية الشهرية التي برمجها مركز محمد حسن الوزاني للديمقراطية والتنمية البشرية، برسم سنة 2015 ،

نظم المركز جلسة علمية حول هذا الكتاب ، بتاريخ 30 يناير 2015 في الساعة 15:00، بمقره الكائن بـ  53 زنقة علال بن عبد الله ، الدار البيضاء.

ترأس هذه الجلسة الأستاذ عثمان المنصوري

وشارك فيها الأساتذة :عبد الحميد احساين , أحمد أشعبان و محمد معروف الدفالي.

ترأس هذه الجلسة الأستاذ عثمان المنصوري

 ( رئيس الجمعية المغربية للبحث التاريخي)

وشارك فيها الأساتذة :

عبد الحميد احساين ( كلية الآداب ـ المحمدية) :

تاريخ المغرب ، تحيين وتركيب المقاربة واستراتيجية الكتابة.

أحمد أشعبان ( كلية الآداب ـ عين الشق ) :

إطلالة على العصر الوسيط في كتاب “تاريخ المغرب ، تحيين وتركيب”.

محمد معروف الدفالي( كلية الآداب ـ عين الشق ) :

الحركة الوطنية في كتاب “تاريخ المغرب ، تحيين وتركيب”.

عبد الحميد احساين :

دكتور في التاريخ، (كلية الآداب ، الرباط ).

.أستاذ التعليم العالمي بكلية الآداب والعلوم الإنسانية، المحمدية سابقا

.حاليا: مستشار في التاريخ المرئي

.قراءة المزيد

رئيس الجلسة :

عثمان المنصوري

رئيس الجمعية المغربية للبحث التاريخي … قراءة المزيد.

أحمد أشعبان :

 مؤرخ وعالم الآثار في كلية الآداب ـ عين الشق.

محمد معروف الدفالي :

نائب رئيس مركز محمد حسن الوزاني للدموقراطية و التنمية البشرية.

مؤرخ مهتم بتاريخ المغرب المعاصر والراهن . أستاذ جامعي بكلية الآداب عين الشق ، جامعة الحسن الثاني ـ الدار البيضاء.

قراءة المزيد.

L’invention de la Fête du trône

Zamane

Publié le 29/07/2013 par la Revue Zamane.

L’invention de la Fête du trône

imagearticle_Zamane_Invention de la fête du trôneLes différentes dynasties  marocaines ont conçu  leur règne sur une assise politico-religieuse. Une démarche assurant naturellement une légitimité à leur pouvoir et affirmant leur puissance. Ce complexe rituel de la monarchie marocaine atteint son paroxysme sous Ahmed El Mansour (1578-1603), créateur du Makhzen. Mais le plus important à l’époque contemporaine reste sans doute la Fête du trône (Aïd el-aârch), célébrée en grande pompe pour commémorer l’accès du roi au pouvoir. Cette fête est perçue par la majorité de la population et des élites comme un rituel qui se perpé-tue depuis la nuit des temps. Mais la réalité historique est pour le moins différente. De création récente –1933, la Fête du trône s’inscrit dans ce que les historiens appellent l’invention de la tradition, c’est-à-dire la mise en place d’un ensemble de pratiques rituelles pour créer une continuité fictive avec le passé et inculquer des normes de comportement à la population au nom de la tradition. Les promoteurs des traditions inventées choisissent des références et des symboles anciens pour répondre à des préoccupations de leur temps. Sous sa forme actuelle, ce rituel a été créé de toute pièce par Hassan II (1961-1999) pour affirmer la centralité et la suprématie de la monarchie. Il a été ainsi détourné de sa fonction initiale, telle qu’elle a été voulue par les nationalistes : symboliser et célébrer la nation marocaine.

De l’Accession day à la Fête du trône
Ce n’est qu’une vingtaine d’années après le Traité de Fès en 1912 qu’une jeune élite nationaliste émerge dans les principaux centres urbains du pays, notamment Rabat, Salé, Tétouan et Fès. Influencés par les idées européennes sur la nation et le nationalisme, ils pensent le Maroc comme une unité géographique, politique et culturelle : un État-nation. C’est la première fois qu’apparaît une identité intermédiaire entre l’appartenance locale (tribu, localité, région, etc.) et l’appartenance globale (l’islam). Mais tout restait à faire. Il fallait en effet créer ou adopter un certain nombre de concepts, de symboles et d’images pour renforcer ce projet et pouvoir mobiliser la population autour de lui, notamment après les événements qui ont suivi la promulgation du Dahir du 16 mai 1930. Pour des raisons obscures, les jeunes nationalistes ont décidé de centrer la construction idéelle et idéale de la nouvelle nation non sur le folklore, la langue, le caractère ethnique, les valeurs ou l’histoire mais sur la personne du sultan. Ils voulaient probablement déclencher une mobilisation collective qui ne soit pas trop en rupture avec les structures traditionnelles pour ne pas éveiller les soupçons de la Résidence générale, du Makhzen et d’une partie de la population. Ils désiraient également profiter du capital symbolique de l’institution sultanienne pour faire passer leurs messages plus facilement. Mais rien n’est sûr car cette période de balbutiements est caractérisée par beaucoup d’improvisation en raison du niveau intellectuel modeste de la plupart des jeunes nationalistes et de leur inexpérience. Il reste que ces derniers ont choisi de mobiliser la population autour de la figure sultanienne et non autour d’une idéologie plus ou moins élaborée et un projet politique clair.

Attirer la sympathie populaire
Pour catalyser l’imaginaire du plus grand nombre de manière rapide, les jeunes nationalistes, notamment les équipes de la revue Al-Maghrib et du journal L’Action du peuple, décident de célébrer l’accession au pouvoir de Mohammed V (1927-1961), considéré comme le symbole de la souveraineté et de l’unité nationale. Une occasion en or pour rassembler la population autour de sentiments et d’aspirations communes et propager les « idées » nationalistes sans inquiéter les autorités. Cela a été le cas en Égypte, source d’inspiration inépuisable pour les nationalistes marocains, où le parti al-Wafd profitait des célébrations annuelles de l’Aïd al-joulous (Fête du trône en Egypte) instauré en 1923 pour organiser des manifestations publiques exaltant le sentiment national et dénonçant l’occupation. Cependant cette fête est d’origine européenne et plus précisément britannique. Elle a été célébrée pour la première fois au XVIe siècle sous le nom d’Accession Day avant d’être adoptée par la plupart des autres monarchies du monde en l’adaptant peu ou prou aux différents contextes locaux.

En juillet 1933, le nationaliste marocain Mohammed Hassar publie anonymement un article dans la revue Al-Maghrib, publié à Rabat par l’Algérien Missa, intitulé Notre gouvernement et les fêtes musulmanes dans lequel il demande timidement aux autorités françaises de faire du 18 novembre, jour de l’intronisation du sultan, une fête nationale. Quelques mois plus tard, c’est L’Action du peuple, dirigée par Mohammed Hassan Ouazzani, qui prend le relais. Entre septembre et novembre 1933, le journal publie plusieurs articles appelant à faire de ce jour « une fête nationale, populaire et officielle de la nation et de l’État marocains ». Il propose la création de comités d’organisation dans chaque ville et la mise en place d’un fonds de bienfaisance auquel contribuera l’ensemble de la nation. Le journal nationaliste suggère également aux organisateurs d’embellir les rues, de chanter l’hymne sultanien, d’organiser des meetings où l’on prononcera des discours et récitera des poèmes, et d’envoyer des télégrammes de félicitations au sultan. Par ailleurs, pour rassurer les plus conservateurs, L’Action du peuple publie une fatwa du alim Abd El-Hafid El-Fassi qui affirme que ce rituel et tout ce qui l’accompagne ne sont pas des innovations blâmables aux yeux de l’Islam.

Les autorités françaises suivent cette dynamique de très près. Elles ont en effet peur des conséquences politiques que pourrait avoir cette entreprise de mobilisation collective. Elles ont essayé d’entraver, voire d’interdire son organisation. Mais devant l’enthousiasme des jeunes et l’acquiescement des notables, elles finissent par céder. La première célébration de la Fête du trône, dont le nom n’était pas encore bien précis (Fête de l’accession, Fête du sultan, Fête nationale, etc.) a eu lieu à Rabat, Salé, Marrakech et Fès. Plusieurs rues des médinas ont été décorées pour l’occasion, les gens se sont réunis dans les cafés ou maisons de notables pour écouter de la musique, des poèmes et des discours tout en sirotant du thé et dégustant des gâteaux traditionnels. Les réunions se terminaient majoritairement par des invocations pour le Maroc et des vivats au sultan à l’exception de Salé qui a organisé, en plus, un feu d’artifice. Enfin, les jeunes et les notables ont profité de l’occasion pour envoyer des télégrammes de félicitation à Mohammed V.

Bien qu’elle soit restée relativement limitée, la première Fête du trône est une véritable réussite. Elle a en effet attiré la sympathie populaire et acculé l’autorité tutélaire. Cela pousse les nationalistes à voir plus grand l’année suivante. Les préparatifs commencent des mois à l’avance. À cet effet, plusieurs comités d’organisation voient le jour dans les différentes régions de l’Empire chérifien, notamment dans la zone espagnole et des brochures contenant des poèmes et des chants nationalistes sont distribuées aux écoliers et aux jeunes. Des journaux et des revues publient des numéros spéciaux consacrés à l’événement. L’engouement populaire oblige l’autorité tutélaire à agir. Pour reprendre les choses en main, la Résidence générale décide d’officialiserla Fête du trône pour couper l’herbe sous les pieds des nationalistes en voulant faire de ce jour une célébration étatique et non populaire. Le 31 octobre 1934, le vizir El Mokri promulgue un décret dont le premier article stipule qu’« à partir de la présente année, le 18 novembre, anniversaire de l’accession de S.M. le Sultan au Trône de ses ancêtres, sera consacré à la commémoration de cet événement ». Celui-ci aura pour nom Aïd el-tidhkar (l’anniversaire de commémoration). La dénomination Aïd el-aârch ne s’imposera que par la suite. Le reste des articles du décret décrivent avec une certaine précision le rituel qu’il faut observer durant cette journée : chaque pacha doit embellir sa ville ; des groupes de musique doivent jouer dans les souks ; il faudra octroyer des dons aux associations caritatives ; les fonctionnaires bénéficieront d’un jour de congé ; les notables de la ville où se trouvent le sultan devront se rendre au palais pour lui présenter leurs voeux. Par contre, il est strictement interdit de prononcer des discours en public ou d’organiser des cortèges. Il va sans dire que cette dernière partie des directives a été de loin la moins respectée par les nationalistes par la suite. Par ailleurs, il est intéressant de noter que ce rituel ne comporte presque aucun élément traditionnel. Tout est inspiré des usages européens à travers le modèle égyptien.

Le détournement autoritaire
Ainsi, la Fête du trône s’impose très rapidement comme une fête nationale qui exprime haut et fort la naissance de la nation marocaine. C’est la première fois qu’un sentiment, que l’on peut appeler « marocanité », émerge et fait de cette fête un moment privilégié de mobilisation populaire contre la puissance coloniale même après l’exil du sultan et l’interdiction de sa célébration le 5 septembre 1953.

Après l’Indépendance, la figure du roi prend beaucoup d’importance jusqu’à éclipser celle de la nation. Le premier « amalgame » symbolique est la confusion délibérée entre la Fête du trône et la Fête de l’Indépendance, célébrées toutes les deux le 18 novembre alors que la date de la fin réelle de l’occupation est le 2 mars. La tendance s’accélère après l’arrivée au pouvoir de Hassan II pour des raisons subjectives et objectives. En effet, l’apparition d’un mouvement de contestation « moderniste » pousse le roi à « traditionnaliser » à nouveau l’institution monarchique et ses outils de légitimation pour se rapprocher des élites traditionnelles. Il faut ajouter à cela la personnalité du monarque qui aspirait à reproduire le modèle absolutiste français. Ce changement de cap devait s’exprimer rituellement, notamment à travers le détournement de la Fête du trône. D’un rituel de consensus, cette célébration se transforme progressivement en un rituel d’affrontement où le roi cherche à exprimer symboliquement sa centralité et son hyper puissance. En d’autres termes, le 3 mars – date d’accession au pourvoir d’Hassan II – devient un moment d’autocélébration monarchique. Petit à petit, sa signification originelle s’évanouit de la mémoire collective.

Rituel étatique et issue du Palais, la Fête du trône conçue par et pour Hassan II est composée de plusieurs cérémonies d’origines musulmanes et européennes dont l’objectif est de délivrer des messages politiques et exprimer les hiérarchies sociopolitiques. Si la cérémonie d’allégeance est la plus célèbre et la plus spectaculaire, il ne faut pas omettre l’importance symbolique du discours royal, de la cérémonie de prestation de serment par les officiers, nouveaux lauréats des différentes écoles militaires et paramilitaires et de la cérémonie de remise de décorations à des personnalités locales et internationales. Par ailleurs, on assiste durant ces autocélébrations à des flux de dons matériels et immatériels (la grâce royale par exemple) dans un souci apparent, mais sans doute inconscient, de concurrencer les fêtes religieuses qui restent très populaires. Les médias officiels et officieux quant à eux ne ménagent aucun effort pour dresser un tableau radieux de l’ère royale. Le discours royal suit généralement un canevas bien précis : rappel de l’unité entre la monarchie et le peuple, le combat de Mohammed V et Hassan II pour libérer et unifier le pays ; passage en revue des réalisations de l’année ; présentation des principaux chantiers politiques, économiques et sociaux ; directives générales au gouvernement pour améliorer la vie des sujets ; précision des règles du jeu politique national si cela est nécessaire. En somme, le monarque donne à voir qu’il est seul à contrôler le temps politique au Maroc.

Une entité transcendante
En bon autocrate, le monarque sait se servir des récompenses publiques pour circonvenir ou neutraliser certaines « élites ». Cette pratique s’inspire de l’oeuvre de Napoléon Bonaparte qui a créé la légion d’honneur pour coopter et amadouer les élites françaises. Durant une cérémonie pompeuse, le roi remet des décorations de différents ordres à des artistes, intellectuels, politiciens, religieux, etc. Mais les critères de sélection et les motifs d’attribution sont loin d’être clairs. Dans les systèmes autoritaires, le chef essaie toujours de montrer qu’il dispose du soutien indéfectible des forces militaires et paramilitaires en tant qu’outil de domination par excellence.

Cela se traduit rituellement au Maroc par l’organisation d’une cérémonie à l’occasion de la Fête du trône durant laquelle les nouveaux lauréats des différentes écoles de l’armée prêtent serment de fidélité directement au monarque. Le message est clair : les troupes ont un seul et unique chef. Par ailleurs, les officiers supérieurs respectent, eux, un protocole rigide en présence du roi, notamment après les tentatives de coup d’État de 1971 et 1972. Ils doivent montrer encore plus que les autres dignitaires une soumission absolue durant les manifestations publiques, dont la Fête du trône.

Cela dit, la cérémonie d’allégeance est sans aucun doute le clou du spectacle. Inspirée intégralement de la cérémonie de renouvellement du serment de fidélité mise en place par le sultan Ahmed El Mansour au XVIe siècle, elle confronte le monarque à ceux qu’il considère comme ses serviteurs les plus fidèles : les hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur. Toutes les autres composantes de l’élite sont de simples spectateurs. Tout dans cette cérémonie magnifiée tend à montrer une nouvelle fois la figure du roi comme une entité transcendante, à la fois au centre et au-dessus de l’espace social marocain.

En effet, les habits d’apparat, les insignes du pouvoir et la musique solennelle qui accompagnent le cortège royal tendent à prouver qu’il est le porteur de l’histoire sacrée de la cité musulmane et le garant de sa continuité et de sa stabilité. Les costumes traditionnels blancs et identiques que portent les dignitaires de l’Intérieur démontrent que dans ce laps de temps « sacré » les hiérarchies et les différences s’effacent pour révéler au grand jour un corps uni et homogène derrière et autour de son chef.

La liturgie politique proprement dite démarre quand le cortège commence à franchir les groupes de dignitaires rassemblés par région. Alors qu’un mkhazni scande des formules patriarcales exprimant la bénédiction et la satisfaction du souverain, les dignitaires lui souhaitent longue vie tout en se prosternant religieusement à plusieurs reprises. Le déploiement de la grâce du souverain – au sens de baraka et de niaâma – pôle autour duquel tout tourne dans le Royaume, nécessite en effet une obéissance et une soumission absolues de ses affidés. Une analogie frappante avec certains rituels religieux qui animent encore aujourd’hui les arcanes du pouvoir au Maroc.

Source : Zamane

La saga de la presse marocaine

Zamane

Publié le 14/12/2012 par la Revue Zamane

La saga de la presse marocaine

Photo_MHO_620x372

De l’aube des années 1930 jusqu’à l’Indépendance, la presse nationaliste joue un rôle majeur mais sous-estimé dans l’histoire du pays. Le combat des plumes fait rage et les jeunes journalistes marocains deviennent le fer de lance du mouvement nationaliste.

Le départ du maréchal Lyautey et la fin de la guerre du Rif inaugurent la véritable naissance de la presse nationaliste. Il paraît désormais évident que la lutte pour la dignité des Marocains (et non pas encore pour l’indépendance) ne peut se faire par la force. Durant les années 1920, quelques érudits de l’Université de la Qaraouiyine de Fès ont bien tenté de faire passer des messages sur des manuscrits clandestins. Des publications archaïques du nom d’Al-Watan (la patrie), Al-Qati (l’épée tranchante) ou Al-Madrasa (l’école), sont passées entre les mains d’une élite lettrée et religieuse, frustrée de ne pas pouvoir faire circuler sa pensée. La presse structurée doit devenir la nouvelle arme d’un mouvement national naissant. Elle permet de rendre plus audible la déception des Marocains, pour qui le traité de protectorat aurait dû permettre des réformes à même de développer le pays et d’en faire profiter sa population. Or, le protectorat ressemble de plus en plus à une colonisation dans les règles, à savoir l’exploitation des ressources humaines et naturelles du Maroc. Néanmoins, la chape de plomb imposée par l’ancien Résident général a toutes les raisons de s’assouplir. En métropole, avec la crise économique de 1929, le vent politique semble s’orienter à gauche et le nouvel homme fort du Maroc, Théodore Steeg, est un civil protestant, membre du parti radical-socialiste.

Les premiers pas dans l’ombre

En attendant des gestes d’ouverture concrets, quelques organes de presse s’agitent pour rappeler à la France sa vocation à défendre les droits de l’homme et, de fait, la liberté d’expression. C’est le cas d’abord de quelques supports français du Maroc qui osent, pour la première fois, s’exprimer sur le sort des « indigènes » et bousculer le pouvoir en place. Il s’agit notamment de l’hebdomadaire Redd-Balek, fondé en 1927 et qui se réclame de la SFIO (Section française de l’internationale ouvrière, ancêtre du Parti socialiste). Son nom (« prends garde », en darija) résonne comme une menace et reflète la virulence dont est capable l’hebdomadaire, interdit d’ailleurs au bout de quelques numéros. D’autres médias s’intéressent également au sort des Marocains, surtout au début des années 1930 et à la promulgation du dahir berbère. Ainsi, la presse arabe étrangère, qui trouve un large écho auprès des élites marocaines, s’offusque d’une nouvelle orientation de « la politique berbère », sujet hautement sensible. Le leader panarabe Chakib Arsalan accorde à ce combat une large place dans les colonnes de sa revue La Nation Arabe, en 1930 : « La plus sacrée des libertés, c’est la liberté des consciences et des croyances ; la plus grande atteinte qui ait été portée à cette liberté en ces derniers temps se trouve dans les agissements de la France au Maroc. Elle veut contraindre tout un peuple à abandonner sa foi pour embrasser le christianisme ».

Les nationalistes marocains ne possèdent à cette époque aucun moyen autonome de publication. Le dahir de la presse de 1914 exige que les directeurs de publication soient de nationalité française. Seules deux solutions sont désormais à disposition des nationalistes. Soit le parrainage par un Français sensible à leur cause, soit la clandestinité. Le jeune Saïd Hajji, seize ans à peine, choisit la seconde option dès 1929 et publie un audacieux hebdomadaire manuscrit en arabe, Al-Widad, distribué dans l’ombre des ruelles de médinas. Le 8 janvier de la même année, on pouvait y lire : « Ce journal a été créé pour combattre le colonialisme et l’esclavage. Chaque Marocain sera condamné à être anéanti s’il ne se réveille pas sur le champ et n’adopte la devise : la mort si nécessaire et que vive le Maroc ! ». L’insolence de Saïd Hajji reste un cas unique avant 1930 et ne reflète en rien l’action des penseurs du nationalisme marocain. Mais cette approche radicale ouvre le champ de la protestation par la presse, même si cette dernière ne représente encore aucune menace sérieuse pour le protectorat. Mais ce n’est qu’une question de temps…

Maghreb, une presse nationaliste officielle

Quelques années plus tard, Mohamed Hassan Ouazzani, figure emblématique du nationalisme marocain, âgé d’à peine 23 ans, mise sur un journalisme engagé pour rappeler à la France son devoir de réforme et de modernisation du royaume. L’idée de créer un support de presse officiel ne peut s’appliquer qu’avec l’aide d’un citoyen français qui s’engagerait à en devenir le rédacteur en chef. Robert-Jean Longuet, avocat du nationaliste Ahmed Djebli Aydouni, semble présenter le profil idéal. Ce militant socialiste, arrière-petit-fils de Karl Marx, connaît bien le Maroc et se lie rapidement à la cause des militants nationalistes. La revue Maghreb est fondée par les deux hommes, avec le concours de Omar Ben Abd-el-Jalil et surtout de Ahmed Balafrej, qui en devient l’un des rédacteurs les plus prolifiques. Il est décidé que ce mensuel sera imprimé à Paris afin de contourner les éventuelles censures de la Résidence.

En juillet 1932, la bande de Maghreb lance le premier numéro et y explique les objectifs : « Nous poursuivons un double but : rendre à ce peuple une autonomie qui lui a été garantie par un traité au bas duquel nous avons apposé notre signature, et sauvegarder l’honneur de la vraie France, généreuse, laïque et républicaine ». Maghreb traite des problèmes auxquels sont confrontés les Maghrébins en accordant toutefois une très large place au Maroc. Le mensuel s’affirme comme la tribune idéale pour toutes les plumes françaises et marocaines qui s’indignent du traitement réservé à la population du royaume, en s’attardant notamment sur l’impact négatif du dahir berbère. Mohamed Hassan Ouazzani, étroitement surveillé par les agents de la Résidence au moment du lancement de Maghreb, doit ruser pour se rendre à Paris. Il obtient, grâce à la complicité d’un ancien professeur, une fausse convocation pour passer des examens dans la capitale. Une fois sur place, il choisit l’exil à Genève pour coordonner la revue et écrire ses articles, à l’abri des pressions françaises.

La Résidence contre-attaque

Le 9 juillet 1933, à l’occasion du premier anniversaire de la création de la revue Maghreb, Omar Ben Abd-el-Jalil annonce l’apparition d’un nouveau-né dans la presse nationaliste, l’hebdomadaire francophone L’Action du Peuple, édité et imprimé à Fès. Désireux de lancer une publication nationaliste au Maroc, Mohamed Hassan Ouazzani fait appel à un Français converti à l’islam, Georges Hertz, pour en prendre la direction légale. Dans le sillage de son aîné Maghreb, L’Action du Peuple gagne rapidement en popularité et son tirage, initialement de 400 exemplaires, explose au fil des numéros. Outre les autorités du protectorat, tout le monde au Maroc ne voit pas d’un bon œil les succès de Maghreb et de L’Action du Peuple. Le courant nationaliste traditionnel issu des grandes universités arabes ne conçoit pas d’opposer une quelconque résistance dans la langue de l’occupant. Pourtant, les deux titres phares sont parfois clandestinement traduits en arabe, afin d’élargir la sphère du lectorat.

Cette popularité commence à inquiéter la Résidence, qui promeut la naissance d’un concurrent direct pour contrecarrer le succès de la nouvelle publication. Ainsi naît le journal La France au Maroc. La Résidence pousse le cynisme jusqu’à placer à sa tête un certain Chahid El-Ouazzani, homonyme du nationaliste Mohamed Hassan Ouazzani. Le premier numéro tente de jouer sur la légitimité de la publication : La France au Maroc se veut « l’organe de tous les Marocains disposés à collaborer loyalement avec le régime qui nous a apporté la paix et la prospérité dans le cadre même de nos institutions ». Mais les journalistes marocains qui y sont employés s’aperçoivent de la manipulation et ne peuvent l’assumer. Peu crédible, La France au Maroc fait naufrage et laisse la place à des mesures de rétorsion bien plus efficaces.

Interdits et censures

En autorisant la presse nationaliste d’expression francophone, la Résidence se croit à l’abri de la mobilisation de masse. Le succès populaire, dû essentiellement aux efforts de traduction clandestine, la pousse à réviser sa position, comme l’atteste une note du directeur des Affaires indigènes en 1934 : « Il n’a servi à rien d’interdire l’entrée au Maroc aux journaux hostiles de l’Orient, puis à Maghreb et de refuser toute autorisation de publication arabe au Maroc. Un journal est né sous la protection d’une loi de presse libérale ; il est né en français et a de nombreux lecteurs, beaucoup plus qu’on n’attendait pour une feuille arabe ». La goutte d’eau qui fait déborder le vase est certainement le traitement réservé par L’Action du Peuple à la visite du sultan Ben Youssef à Fès. En titrant en Une « Fès acclame les souverains marocains », le périodique fait pour la première fois du sultan le véritable symbole de l’union des Marocains et de la cause nationaliste. C’en est trop pour la Résidence, consciente du risque que représente la « rébellion » de Mohammed Ben Youssef. En mai 1934, les autorités françaises durcissent sérieusement le ton en interdisant l’entrée et la diffusion au Maroc de la « presse non conformiste ». Dans un ultime éditorial, Maghreb ironise : « Depuis huit mois, nous ne cessons de publier des faits précis, de documenter les Français sur ce que l’on commet en leur nom, au Maroc. […] Il n’en fallait pas plus pour soulever contre nous toute la presse réactionnaire. Comment ! Nous avons osé en France, à Paris même, donner aux crapuleries, petites ou grandes, une publicité qui dépasse les frontières du Maroc. Nous ne pouvons être que des anti-Français, aidés par l’œil de Moscou et la main de l’Allemagne ». L’interdit et le harcèlement des journalistes nationalistes vont perdurer encore deux ans, jusqu’à l’arrivée au pouvoir en France du Front Populaire, dans lequel beaucoup d’espoirs sont placés.

Le renouveau des valeurs libérales et égalitaires socialistes favorise le retour de la presse nationaliste et l’allègement des contraintes qui pèsent sur elle. L’arrestation de certains leaders, dont Mohamed Hassan Ouazzani, et la répression policière des manifestations en faveur de la liberté de la presse troublent les sensibilités de gauche et accélèrent la normalisation. Au début de l’année 1937, plusieurs périodiques marocains en arabe sont (enfin) autorisés, tels que Al-Atlas (dans la mouvance de Allal El Fassi), Al-Maghrib ou encore Al-Amal. En attendant la Seconde guerre mondiale et le système de censure généralisé (non spécifique au Maroc), la presse nationaliste francophone en profite pour refaire surface. L’Action du Peuple ressuscite en avril 1937, accompagné de périodiques d’autres tendances nationalistes comme L’Action Populaire, proche de Allal El Fassi et défini comme étant l’« organe hebdomadaire du Parti d’action marocaine ».

Dernière ligne droite

Quant à Maghreb, il reprend également du service, bien que le mensuel prenne une tournure plus littéraire que journalistique. Bien entendu, ce vent de liberté est régulièrement sujet à la censure, pratique assumée par la Résidence et acceptée par la presse nationaliste qui se réjouit simplement de pouvoir exister. Avec le début de la Seconde guerre mondiale, le champ des libertés se réduit comme peau de chagrin. La presse est soumise au diktat militaire et les nationalistes ne sont plus les bienvenus dans les imprimeries. Ils privilégient dès lors d’autres moyens d’action, tels que la publication de manifestes et la mobilisation de la rue. Les journaux français du Maroc se consacrent quasi exclusivement aux péripéties de la guerre et se rangent d’abord du côté de Vichy, puis de celui du général de Gaulle. L’espoir suscité dans les milieux nationalistes à la fin du conflit mondial est rapidement balayé par les nominations successives des généraux Juin puis Guillaume. Bien que reprenant leurs activités, les journalistes sont systématiquement soumis à la censure, preuve de la fébrilité de la Résidence, qui sent que le Maroc est en train de lui échapper.
Comme un baroud d’honneur, tous les efforts sont déployés pour multiplier les titres des groupes de presse français du Maroc, réactionnaires et virulents, hostiles aux nationalistes et aux libéraux français. Complètement interdite en décembre 1952, la presse nationaliste passe le relais à des publications françaises de courant libéral, avec à leur tête des figures comme Jacques Lemaigre-Dubreuil, patron du groupe Maroc-Presse, qui perdra d’ailleurs la vie à cause de son engagement en faveur de l’émancipation des Marocains. La fin du Protectorat change la donne, mais l’indépendance, puis le règne de Hassan II, ne soulageront pas la presse marocaine de ses tourments, bien au contraire…

Saïd Hajji, le génie précoce de la presse

Arrière-petit-fils du combattant Sidi Ahmed Hajji, libérateur de Mehdiya arrachée aux Espagnols au XVIIe siècle, Saïd Hajji a le patriotisme dans le sang. Ce génie précoce, qui s’est très tôt servi de la presse comme d’une arme anti-colonisation, peut être considéré comme le premier journaliste du Maroc. Son parcours est aussi fulgurant que brillant. Née le 2 mars 1912 à Salé, soit quatre semaines avant le Traité de Fès, son destin est de résister par l’écriture, alors que la seule façon connue de l’époque est celle de la lutte armée.  C’est ainsi qu’à l’âge de 16 ans, il confectionne par ses propres moyens un journal arabophone clandestin, Al-Widad, dont il écrit à la main chaque exemplaire, soit quelques centaines au total. Une  expérience qui lui attire une première réaction de méfiance de la part de la Résidence. A la parution du dahir berbère, il s’insurge publiquement et se voit immédiatement sanctionné d’une interdiction de quitter le territoire marocain. Saïd Hajji s’exile alors clandestinement au Moyen-Orient où, en parallèle de ses études, il milite activement pour la cause marocaine. Il parvient à susciter la sympathie de Chakib Arsalan, qui le prend sous son aile. Le jeune journaliste aiguise sa plume et affine ses arguments de lutte contre l’oppression. A son retour au Maroc, en 1935, Saïd Hajji devient une figure incontournable du mouvement nationaliste naissant. A cette époque de restriction, il est pionnier en matière de revendication du droit à la liberté de la presse. Il s’adresse plusieurs fois aux autorités de métropole et obtient une première victoire lorsque le Front Populaire assouplit la législation dans ce domaine. Saïd Hajji se rue sur l’occasion est fonde le journal politique arabophone Al-Maghrib,  en 1937. Ce dernier connaît un succès inégalé mais est sévèrement soumis à la censure. Le 2 mars 1942, soit 30 ans jour pour jour après sa naissance, Saïd Hajji meurt soudainement à la suite d’une maladie. Le choc est immense, le mouvement national est en deuil. Le génie précoce mérite bien son surnom de Sa Majesté de la presse.

Source : Zamane

Lire aussi:

> La saga de la presse marocaine (1/4)

>La saga de la presse marocaine (3/4)

>La saga de la presse marocaine (4/4)