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L’analphabétisme au Maroc, quelles solutions : L’exemple du Programme ABAJID

Affiche_30-10-2015

A l’occasion du lancement de son 2ème cycle de conférences mensuelles,

le Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement Humain a organisé sa 1ère conférence au titre de l’année 2015/2016, le vendredi 30 octobre à 16h.

Cette conférence a porté sur le thème :

« L’analphabétisme au Maroc, quelles solutions : L’exemple du Programme ABAJID »

Elle a été animée par M. Mouawya Moukite et de M. Abdelmoumen Moukite et présidée et modérée par Pr. Hassan Ouazzani-Chahdi.

Nous avons pu y recueillir les témoignages de trois apprenantes ayant bénéficié du programme ABAJID ainsi que de leur formateur, M. Hamid Ziati.


ABAJID se base, entre autre, sur le développement des données numériques. Le Maroc qui compte un téléphone portable par habitant et près de deux millions d’internautes est à même de bénéficier de ce programme d’alphabétisation à grande échelle.Ce concept généralisé permettrait d’éradiquer le fléau de l’analphabétisme qui entrave sérieusement tout développement social, économique, culturel et industriel. Dans notre société actuelle du 21ème siècle, le vrai analphabète n’est pas uniquement celui qui ne sait ni lire ni écrire mais également celui qui ne maîtrise pas l’outil informatique !

Aussi, l’Association AMAL a introduit dans son programme de lutte contre l’analphabétisme les nouvelles technologies. Les résultats auprès d’un premier groupe d’étudiants ont été encourageants. En mai 2006 a été lancée une première classe d’alphabétisation avec l’enseignement et l’assistance de l’informatique. Les résultats ont été à la hauteur des aspirations puisque après 120 heures de cours, les apprenants sont à même de lire, écrire, effectuer des opérations de calcul et saisir au clavier, en arabe, leurs leçons. Cette première promotion a été suivie d’autres et les résultats sont de plus en plus positifs. Les bénéficiaires de ces formations sont là pour témoigner et servir de modèle à leurs concitoyens(es) demeurés analphabètes.

Président de séance :

Hassan Ouzzani-Chahdi est Vice-Président du CMHO. Il est actuellement professeur honoraire de Droit Public à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales-Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca… lire la suite.

1er Conférencier :

Mouawya Moukite est Ingénieur de formation, diplômé de l’Ecole National Supérieure des Télécommunications de Paris. Il est le concepteur du logiciel « ABAJID » et Président fondateur d’AMAL (Association Maghrébine d’Alphabétisation). Il est à la fois praticien et enseignant.  A ce titre, il intervient dans de nombreuses écoles et Universités et participe à diverses conférences dans le monde et mène de nombreuses actions dans le domaine de la Qualité et de l’Environnement.

2ème Conférencier :

Abdelmoumen Moukite est Président délégué de l’Association AMAL et coach du Programme ABAJID pour la lutte contre l’analphabétisme par les NTIC, en étroite collaboration du »Rotary-Club Casablanca –Anfa ».

Abdelmoumen Moukite est anciennement Commandant à l’aéroport Marrakech-Menara de 1964 à 1988.

Témoin :

Hamid Ziati est formateur au Programme ABAJID pour la lutte contre l’analphabétisme par les NTIC. Il est venu accompagné de trois de ses apprenantes.

ETAT DE DROIT ET DÉMOCRATIE À LA LUMIÈRE DE LA PENSÉE DE MOHAMED HASSAN OUAZZANI

Affiche_Etat de droit et Démocratie_15-09-2015A l’occasion de la 36ème commémoration du décès de Mohamed Hassan Ouazzani (1978 – 2015) qui coïncide avec la journée internationale de la Démocratie, le Centre Mohamed Hassan Ouazzani a organisé le 15 septembre 2015, à partir de 10h, une journée commémorative sous le thème « Etat de droit et Démocratie à la lumière de la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani ».

Afin de rendre hommage à cet éminent patriote et pour animer cette journée, nous avons eu l’honneur et le plaisir de recevoir parmi nous des professeurs universitaires, politologues, historiens et journalistes dont le respect et l’intérêt pour la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani ne sont plus à prouver, ce qui constitue pour nous le pivot de cette journée.

« Dans le domaine des rapports entre l’individu et l’Etat, l’éthique qui limite le pouvoir de celui-ci doit établir le principe inviolable du respect de la dignité de la personne humaine considérée comme source de liberté et d’esprit créateur. D’où l’obligation de concilier l’autorité et la liberté, d’assurer l’équilibre entre la liberté possible des citoyens et l’autorité nécessaire de l’Etat. La première est assurée par les garanties constitutionnelles résultant de la définition des droits individuels, de l’existence du principe de la légalité dans l’administration et de l’indépendance des tribunaux. La deuxième repose sur un pouvoir qualifié, intègre et efficace. »[1]

Dans quelques-unes des conférences-débats organisées par la Centre depuis le début de l’année 2015, on a relevé la distinction à faire entre l’Etat de Droit et Démocratie.

Si l’établissement de l’Etat de Droit a signifié un progrès significatif de l’organisation de la société, il peut être régi par une formule d’organisation autre que la Démocratie. En revanche, la Démocratie s’inscrit dans l’Etat de Droit. La démocratie peut prendre des formes diverses dans le temps et dans l’espace. Son établissement résulte d’une lutte souvent longue et exige de ses promoteurs persévérance et courage.

« La lutte pour l’établissement de ces principes démocratiques est une lutte amère. Pour les réaliser, nous devons d’abord les faire pénétrer dans l’esprit d’un peuple qui a vécu dans l’esclavage pendant des siècles, puis mener une autre lutte plus dure encore contre les forces réactionnaires et tyranniques qui ne peuvent concevoir leur existence qu’en écrasant le peuple sous le faix de l’ignorance et de la misère. »[2]

Les écrits de Mohamed Hassan Ouazzani sur la nécessité d’un Etat constitutionnel et de la Démocratie, si l’on veut tenter de« réaliser le bonheur des peuples », sont nombreux et riches d’enseignements, sur les modalités de doter le  Maroc d’un Etat de Droit et d’institutions démocratiques.

Le Centre Mohamed Hassan Ouazzani propose de nourrir nos réflexions à partir de quelques textes-clés de l’œuvre de Mohamed Hassan Ouazzani, de confronter ses propositions sur l’instauration de la Démocratie au Maroc, depuis son combat dans les années trente, durant la relance de sa lutte après sa libération dès 1946, puis dans le contexte de l’indépendance, et enfin ses arguments en faveur d’une Constitution démocratique.

[1] Extrait d’une note manuscrite de Mohamed Hassan Ouazzani définissant l’idéologie de son Parti – PDI, publié dans : « Entretiens avec mon père », Izarab Mohamed Hassan Ouazzani, Fès, Fondation Mohamed Hassan Ouazzani, 1989, pp. 40-41.

[2] Extrait traduit d’un article de Mohamed Hassan Ouazzani « Choura et indépendance, ensemble.

 (الشورى و الاستقلال معا) paru en 1952 dans Raï Al-Amm (الرأي العام), publié dans « Entretiens avec mon père », Izarab Mohamed Hassan Ouazzani, Fès, Fondation Mohamed Hassan Ouazzani, 1989, p.33.

Programme :

10h00 : Accueil des participants

Allocution de Bienvenue : Houria Ouazzani Touhami, Présidente du Centre Mohamed Hassan Ouazzani

10h30 – 12h30 : 1ère Séance

Président de séance : Abdellah Chérif Ouazzani,

Professeur en études islamiques – Université Mohamed V – Rabat

Mohamed Mouaqit : Professeur de Sciences Politiques – Université Hassan II – Casablanca

La question de la femme à la lumière des écrits de Mohamed Hassan Ouazzani

Driss El Ganbouri : Journaliste et chercheur – Rabat (Absent)

L’Islam et l’Etat dans la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani*

12h00 : Discussion / débat

12h30 : Pause-déjeuner

14h00 – 16h00 : 2ème Séance

Président de séance : Antoine Fleury, Professeur d’Histoire des Relation Internationales – Université de Génève

Abdelouhab Maalmi : Professeur de Relations Internationales – Université Hassan II – Casablanca

Démocratie et choura dans la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani

M’Barek Zaki : Professeur – Université Mohamed V  Souissi – Rabat

L’actualité de la pensée de Mohamed Hassan Ouazzani

15h30 : Discussion/Débat

16h00 : Pause-café

16h30 – 18h30 : 3ème Séance

Président de séance : Mostafa Bouaziz, Professeur d’Histoire moderne – Faculté de Lettres – Ain Chock

Seddik Maaninou : Journaliste et écrivain – Rabat

Mohamed Hassan Ouazzani : La mémoire*

Mohamed Maarouf Dafali, Professeur d’Histoire moderne – Faculté de Lettres – Ain Chock

Le concept de liberté selon Mohamed Hassan Ouazzani*

18h00 : Discussion/Débat

18h30 :Présentation du livre  « Etat et société au Maroc : Les défis du monde moderne », Actes du Colloque International en hommage à Mohamed Hassan Ouazzani, organisé par la Fondation Mohamed Hassan Ouazzani à Fès les 25-26-27 novembre 2010.

19h00 :Collation et exposition des œuvres

de Mohamed Hassan Ouazzani

Abdellah Chérif Ouazzani

: رئيس الجلسة 

عبـد الله شريف وزاني شاهدي

دكتور في الدراسات الإسلامية – جامعة محمد الخامس بالرباط

أستاذ زائر بشعبة الدراسات الإسلامية/ بكلية الآداب و العلوم الإنسانية جامعة الشيخ شعيب الدكالي بالجديدة…قراءة المزيد

 

Mohamed Mouaquit

Docteur d’Etat en Sciences Politiques de l’Université Paris II. France. Il est actuellement professeur  de sciences politiques à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca… lire la suite.

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إدريس الكنبوري 

 مفكر وباحث مغربي في الجماعات الإسلامية والمسألة الدينية والفكر الإسلامي

صدرت له أربعة كتب هي”العراق أولا: الاستراتيجية الأمريكية الإسرائيلية في العالم العربي”، و”سلفي فرنسي في المغرب: رحلة الأمير التائه من بيشاور إلى طنجة”، و”الإسلاميون  بين الدين والسلطة: مكر التاريخ وتيه السياسة”، و”شيوعيون في ثوب إسلامي: محطات في الإسلام السياسي  والسلفية

“و رواية “زمن الخوف

Président de séance : Antoine Fleury

Professeur émérite de l’Université de Genève où il a enseigné l’histoire des relations internationales et de l’intégration européenne. Ses recherches et ses publications portent sur l’histoire des relations internationales au XXe siècle, notamment sous l’angle de la coopération que ce soit dans l’entre-deux-guerres ou après la deuxième guerre mondiale… lire la suite.

Maalmi

Abdelouhab Maalmi

Docteur d’Etat en sciences politiques de l’Université Bordeaux I, France. Ambassadeur du Maroc au Vatican de 1997 à 2001, professeur depuis 1976 à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’Université Hassan II, Casablanca. Spécialiste des relations internationales, il enseigne la Théorie des relations internationales, la Géopolitique  et l’Analyse de la politique étrangère… lire la suite.

M'Barek Zaki

مبارك زكي

أستاذ باحث في معهد البحث العلمي بجامعة محمد الخامس بالرباط

صدرت له عدة كتب تشكل مراجعا في مجال تاريخ المغرب
كان وراء إنشاء العديد من المجلات العلمية المغربية والأجنبية
نائب الأمين العام لإتحاد المؤرخين العرب
و الأمين العام المؤسس للجمعية المغربية لتاريخ النقل البحري

Président de séance : Mostafa Bouaziz

Historien, titulaire d’un Doctorat d’Etat à l’Université Paris I Panthéon –Sorbonne et d’un diplôme de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris. Il est actuellement Professeur de l’Enseignement Supérieur à l’université Hassan II de Casablanca. Il est également Conseiller scientifique de la revue Zamane et membre fondateur de l’Association Marocaine de la recherche historique.

Mostafa Bouaziz a contribué à la rédaction de plusieurs articles dans la presse marocaine et est aussi l’auteur de plusieurs livres et ouvrages dont : Aux origines de la Koutla démocratique (éditions de la Faculté des lettres Aïn Chok, 1997).

Seddik Maaninou

محمد الصديق معنينو

صحفي وكاتب

مدير سابق  للشركة الوطنية للإذاعة و التلفزة
أمين عام سابق لوزارة الاتصال

محمد معروف الدفالي :

نائب رئيس مركز محمد حسن الوزاني للدموقراطية و التنمية البشرية.

مؤرخ مهتم بتاريخ المغرب المعاصر والراهن . أستاذ جامعي بكلية الآداب عين الشق ، جامعة الحسن الثاني ـ الدار البيضاء.

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La Cour Constitutionnelle Internationale

Cette conférence a porté sur le thème de « La Cour Constitutionnelle Internationale» et a été animée par Pr. Henri Pallard et présidée et modérée par Pr. Hassan Ouazzani-Chahdi.

Certains milieux juridiques nourrissent l’idée d’une Cour Constitutionnelle Internationale comme moyen d’appui au développement démocratique et de protection pour les institutions démocratiques. Cette proposition suscite plusieurs questions :

  • Dans un premier temps, Pr. Pallard a examiné la justification mise en avant pour la création éventuelle de la Cour Constitutionnelle Internationale.
  • Dans un deuxième temps, il a examiné la normativité sur laquelle repose cette proposition.
  • Dans un troisième temps, il s’est penché sur la démocratie qui serait protégée par un droit international. Nous assistons à un double mouvement ayant des effets réciproques sur les uns et les autres — l’internationalisation du droit constitutionnel et la constitutionnalisation du droit international. De nouveau, une Cour Constitutionnelle Internationale est perçue comme l’institution de choix pour la protection de la démocratie.
  • Dans un dernier temps, il s’est interrogé sur les principes qui seraient protégés par cette Cour. Seraient-ce les élections par lesquelles la démocratie s’exprime? Seraient-ce les principes, comme la séparation des pouvoirs, par lesquels l’état de droit s’exprime? Seraient-ce les droits fondamentaux de la personne, la liberté et l’égalité?
  • Pr. Pallard a terminé en examinant des pratiques électorales qui poseront des défis de taille à la compétence de la Cour, entre autres, la configuration arbitraire des districts électoraux, le financement des campagnes électorales et la disparité raciale et de genre des candidats aux élections.

Président de séance :

Hassan Ouzzani-Chahdi est Vice-Président du CMHO. Il est actuellement professeur honoraire de Droit Public à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales-Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca… lire la suite.

Conférencier :

Henri Pallard est professeur et chercheur à l’Université Laurentienne (Sudbury, Canada) depuis 1986. En 2014, Il a également été nommé professeur associé à l’Université de Sherbrooke. Après avoir obtenu son doctorat en Philosophie du Droit de l’Université de Nice (1981, France), il a obtenu son LL.B. (common law) de l’Université McGill (1984, Québec)…. lire la suite.

L’islam, la société et la civilisation – الاسلام و المجتمع و المدنيّة

 في إطار اللقاءات العلمية الشهرية التي برمجها مركز محمد حسن الوزاني للديمقراطية والتنمية البشرية

نظم المركز جلسة علمية حول كتاب محمد حسن الوزاني: الاسلام و المجتمع و المدنيّة

بتاريخ 25 ماي 2015 في الساعة 16:00 بمقره الكائن بـ 53 زنقة علال بن عبد الله ، الدار البيضاء

ترأس هذه الجلسة
محمد معروف الدفالي: استاذ و باحث و دكتور في التاريخ المعاصر بكلية الآداب ـ عين الشق

وشارك فيها الأساتذة

حسن أوريد : مؤرخ المملكة السابق و استاذ و مفكر و دكتور في العلوم السياسية بجامعة محمد الخامس
“مدخل عام لفكر محمد حسن الوزاني”

عبد الله الشريف الوزاني: استاذ و باحث و دكتور في الدراسات الاسلامية بجامعة محمد الخامس
“الاسلام و المجتمع و المدنيّة”

Affiche_25-05-2015

ترأس هذه الجلسة
محمد معروف الدفالي: استاذ و باحث و دكتور في التاريخ المعاصر بكلية الآداب ـ عين الشق

وشارك فيها الأساتذة

حسن أوريد : مؤرخ المملكة السابق و استاذ و مفكر و دكتور في العلوم السياسية بجامعة محمد الخامس
مدخل عام لفكر محمد حسن الوزاني

عبد الله الشريف الوزاني: استاذ و باحث و دكتور في الدراسات الاسلامية بجامعة محمد الخامس
الاسلام و المجتمع و المدنيّة

عبد الله الشريف الوزاني

استاذ و باحث و دكتور في الدراسات الاسلامية

بجامعة محمد الخامس … قراءة المزيد

حسن أوريد

مؤرخ المملكة السابق و استاذ و مفكر و دكتور في العلوم السياسية

بجامعة محمد الخامس

محمد معروف الدفالي

نائب رئيس مركز محمد حسن الوزاني للدموقراطية و التنمية البشرية.

مؤرخ مهتم بتاريخ المغرب المعاصر والراهن . أستاذ جامعي بكلية الآداب عين الشق ، جامعة الحسن الثاني ـ الدار البيضاء…قراءة المزيد.

Le mouvement migratoire marocain : influence sur l’économie et la sécurité du Maroc

Dans le cadre de son cycle de conférences mensuelles pour l’année 2015,

le Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement Humain a organisé sa 4ème conférence le jeudi 30 avril 2015 à 16h00.

Cette conférence a porté sur le thème “Le mouvement migratoire marocain : influence sur l’économie et la sécurité du Maroc” et a été présidée par Professeur Hassan Ouazzani-Chahdi et animée par Monsieur Mustapha Ouazzani-Chahdi, ancien réfugié politique, spécialiste de l’immigration arabo-musulmane vers l’Europe.

Le mouvement migratoire marocain est, sur le plan économique, une hémorragie plus qu’il n’est une soupape. Sur le plan sécuritaire, il est une arme à double tranchant, surtout dans la conjoncture mondiale actuelle où sévit le « terrorisme international ».

Cette Conférence a tenté de mettre en exergue cette dualité et d’en analyser les conséquences tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Maroc.

Président de séance :

Hassan Ouzzani-Chahdi est Vice-Président du CMHO. Il est actuellement professeur honoraire de Droit Public à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales-Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca… lire la suite.

Conférencier :

D’abord cadre à la Direction de la Sûreté Nationale chargé des communications sans-fil, puis professeur d’arabe au lycée de la mission française, Mustapha Ouazzani a été arrêté en octobre 1963 et détenu secrètement dans la tristement célèbre villa Mokri.

Contraint de fuir le Maroc pour éviter une nouvelle arrestation, il est alors réfugié politique en France où il exerce en tant que journaliste, spécialiste de l’immigration et consultant en médias auprès de plusieurs Cabinets ministériels français… lire la suite.

La démocratie, un enjeu majeur de la politique mondiale

Dans le cadre de son cycle de conférences mensuelles pour l’année 2015,

le Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement Humain a organisé sa 3ème conférence le 27 mars 2015 à 16h00.

Cette conférence a porté sur le thème :

“La démocratie – un enjeu majeur de la politique mondiale”

Elle a été présidée par Professeur Mohamed Bennani et animée par le Professeur Antoine Fleury, Professeur émérite d’histoire des relations internationales et de l’intégration européenne à l’Université de Genève .


Dans un contexte de mise en cause de la démocratie et des droits fondamentaux de l’homme, il est bon de s’interroger sur l’avènement de la démocratie et de ses manifestations  dans une perspective historique.

Comment concevoir une Société mondiale fondée sur des principes et des pratiques démocratiques tant que les sociétés nationales ne sont pas acquises aux idées et aux pratiques de la démocratie ?  Autrement dit, une certaine homogénéité des régimes politiques et sociaux, notamment sous l’angle du partage de valeurs communes, est une condition essentielle à l’établissement d’un ordre démocratique à l’échelle de la planète.

Pr. Fleury a examiné comment depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, rares sont les Etats qui ne se réclament pas de l’idéal démocratique et qui n’en utilisent pas le langage ou les instruments !

Il est reconnu que la démocratie a une nature propre à valeur universelle, mais elle ne peut exister que réfractée dans des situations très diverses, au point que l’on parle  de démocraties plurielles. Il n’y a aucune légitimité à affirmer que la démocratie doive correspondre à un seul modèle.

Dans les « vécus démocratiques », les régimes politiques empruntent fréquemment des formes et des instruments de la démocratie à plusieurs modèles. Dès lors, pour la clarté du propos, il est utile de dresser un inventaire des modèles de régimes démocratiques tant dans le temps que dans l’espace.

Pr. Fleury a aussi évoqué la question de savoir dans quelle mesure l’impérialisme colonial a été un vecteur ou un frein à l’avènement de la démocratie dans le monde.

L’histoire montre surtout que l’établissement de la démocratie dans un pays et a fortiori dans le monde doit résulter d’un processus propre à chaque société humaine organisée. Autrement dit, une société démocratique ne peut acquérir des bases solides qu’à la suite d’un long cheminement intérieur  et non par l’introduction par la force. Les interférences de puissances étrangères peuvent freiner, voire mettre en cause l’évolution vers l’établissement de régimes démocratiques.

Les interventions pour la promotion de la démocratie qui se sont multipliées à la fin du 20e siècle et depuis le début de ce 21esiècle montrent toute la complexité des actions de domination ou de régulation au titre de la bonne gouvernance ; elles révèlent aussi les enjeux contradictoires qui interagissent dans la conduite des relations internationales. Il n’en demeure pas moins qu’aucune démocratie ne pourra durablement s’établir contre la volonté des peuples concernés.

Pour un développement de la problématique voire :

Antoine FLEURY « L’instauration de la démocratie dans le monde : un enjeu majeur de la politique internationale »,  Mémoires et émotions. Au cœur de l’histoire des relations internationales (Antoine Marès et Marie-Pierre Rey (éds), Publications de la Sorbonne, 2014, p. 261-271 ;

Antoine FLEURY « Droits de l’homme et enjeux humanitaires », Pour l’histoire des relations internationales (sous la direction de Robert Frank), PUF, 2012, Chap. 20, p. 453-474.

Président de séance :

Mohamed Bennani a été récemment désigné membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme (CDH) des Nations unies pour un mandat de trois ans.

Professeur à la faculté de droit de Casablanca depuis 1975, il  y dirige en outre le Centre d’études doctorales… lire la suite.

Conférencier :

Antoine Fleury est professeur émérite de l’Université de Genève où il a enseigné  l’histoire des relations internationales et de l’intégration européenne. Ses recherches et ses publications portent sur l’histoire des relations internationales au XXe siècle, notamment sous l’angle de la coopération que ce soit dans l’entre-deux-guerres – Société des Nations, Plan Briand d’Union européenne – ou après la deuxième guerre mondiale… lire la suite.

Extrait de Mémoires et émotions. Au cœur de l’histoire des relations internationales – Antoine Marès et Marie-Pierre Rey (éds), Pub. de la Sorbonne, 2014 :

 Antoine FLEURY « L’instauration de la démocratie dans le monde : un enjeu majeur de la politique internationale », p. 261-271.

L’instauration de la démocratie dans le monde – Un enjeu majeur de la politique internationale_Mémoires et émotions

Extrait de Pour l’histoire des relations internationales  Robert Frank (sous la dir. de), PUF, 2012 :

Antoine FLEURY « Droits de l’homme et enjeux humanitaires »,  p. 453-474.

Droits de l’Hommes et enjeux humanitaires_Pour l’histoire des relations internationales

La liberté de conscience au Maroc

Dans le cadre de son cycle de conférences mensuelles pour l’année 2015,

le Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement Humain a organisé sa 2ème conférence le 27 février 2015 à 16h00.

Cette conférence a porté sur le thème :

« La liberté de conscience »

Elle a été présidée par Professeur Hassan Ouazzani-Chahdi et animée par le Professeur Mohamed Mouaquit, docteur en sciences politiques et actuellement professeur à la Faculté de Droit de Casablanca.


La liberté de conscience a fait au Maroc son entrée dans l’espace public de revendication des droits. De quoi ce fait est-il révélateur ? Qu’est-ce qui fait de cette liberté de conscience une valeur problématique ? Dans quelle mesure le système de valeurs des sociétés musulmanes peut-il disposer à accueillir en son sein la liberté de conscience ?

L’objectif de la communication est de présenter, à travers le cas du Maroc, la manière dont cette problématique est confrontée. Le cas du Maroc est significatif du paradoxe d’un Etat fortement lesté de la symbolique théologico-politique de la «Commanderie des musulmans», qui est particulière au Maroc, mais dont l’évolution est fortement marquée par la sécularisation. Le droit marocain peut être évalué comme étant au-delà de la simple liberté de cultes, mais en-deçà de la liberté de conscience, tout en semblant présenter une plus grande disposition à accueillir dans son système de valeurs la liberté de conscience.

Président de séance :

Hassan Ouzzani-Chahdi est Vice-Président du CMHO. Il est actuellement professeur honoraire de Droit Public à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales-Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca… lire la suite.

Conférencier :

Mohamed Mouaquit est  docteur d’Etat en Sciences Politiques de l’Université Paris II. France. Il est actuellement professeur  de sciences politiques à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales. Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca… lire la suite.

Histoire du Maroc : réactualisation et synthèse – تاريخ المغرب ، تحيين وتركيب

نظرا لأهمية كتاب “تاريخ المغرب ، تحيين وتركيب” في الساحة الثقافية المحلية والعالمية ، منذ صدوره عن المعهد الملكي للبحث في تاريخ المغرب،

ونظرا للاهتمام الذي أحاطته به مختلف شرائح المثقفين والمهتمين

وفي إطار اللقاءات العلمية الشهرية التي برمجها مركز محمد حسن الوزاني للديمقراطية والتنمية البشرية، برسم سنة 2015 ،

نظم المركز جلسة علمية حول هذا الكتاب ، بتاريخ 30 يناير 2015 في الساعة 15:00، بمقره الكائن بـ  53 زنقة علال بن عبد الله ، الدار البيضاء.

ترأس هذه الجلسة الأستاذ عثمان المنصوري

وشارك فيها الأساتذة :عبد الحميد احساين , أحمد أشعبان و محمد معروف الدفالي.

ترأس هذه الجلسة الأستاذ عثمان المنصوري

 ( رئيس الجمعية المغربية للبحث التاريخي)

وشارك فيها الأساتذة :

عبد الحميد احساين ( كلية الآداب ـ المحمدية) :

تاريخ المغرب ، تحيين وتركيب المقاربة واستراتيجية الكتابة.

أحمد أشعبان ( كلية الآداب ـ عين الشق ) :

إطلالة على العصر الوسيط في كتاب “تاريخ المغرب ، تحيين وتركيب”.

محمد معروف الدفالي( كلية الآداب ـ عين الشق ) :

الحركة الوطنية في كتاب “تاريخ المغرب ، تحيين وتركيب”.

عبد الحميد احساين :

دكتور في التاريخ، (كلية الآداب ، الرباط ).

.أستاذ التعليم العالمي بكلية الآداب والعلوم الإنسانية، المحمدية سابقا

.حاليا: مستشار في التاريخ المرئي

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رئيس الجلسة :

عثمان المنصوري

رئيس الجمعية المغربية للبحث التاريخي … قراءة المزيد.

أحمد أشعبان :

 مؤرخ وعالم الآثار في كلية الآداب ـ عين الشق.

محمد معروف الدفالي :

نائب رئيس مركز محمد حسن الوزاني للدموقراطية و التنمية البشرية.

مؤرخ مهتم بتاريخ المغرب المعاصر والراهن . أستاذ جامعي بكلية الآداب عين الشق ، جامعة الحسن الثاني ـ الدار البيضاء.

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L’invention de la Fête du trône

Zamane

Publié le 29/07/2013 par la Revue Zamane.

L’invention de la Fête du trône

imagearticle_Zamane_Invention de la fête du trôneLes différentes dynasties  marocaines ont conçu  leur règne sur une assise politico-religieuse. Une démarche assurant naturellement une légitimité à leur pouvoir et affirmant leur puissance. Ce complexe rituel de la monarchie marocaine atteint son paroxysme sous Ahmed El Mansour (1578-1603), créateur du Makhzen. Mais le plus important à l’époque contemporaine reste sans doute la Fête du trône (Aïd el-aârch), célébrée en grande pompe pour commémorer l’accès du roi au pouvoir. Cette fête est perçue par la majorité de la population et des élites comme un rituel qui se perpé-tue depuis la nuit des temps. Mais la réalité historique est pour le moins différente. De création récente –1933, la Fête du trône s’inscrit dans ce que les historiens appellent l’invention de la tradition, c’est-à-dire la mise en place d’un ensemble de pratiques rituelles pour créer une continuité fictive avec le passé et inculquer des normes de comportement à la population au nom de la tradition. Les promoteurs des traditions inventées choisissent des références et des symboles anciens pour répondre à des préoccupations de leur temps. Sous sa forme actuelle, ce rituel a été créé de toute pièce par Hassan II (1961-1999) pour affirmer la centralité et la suprématie de la monarchie. Il a été ainsi détourné de sa fonction initiale, telle qu’elle a été voulue par les nationalistes : symboliser et célébrer la nation marocaine.

De l’Accession day à la Fête du trône
Ce n’est qu’une vingtaine d’années après le Traité de Fès en 1912 qu’une jeune élite nationaliste émerge dans les principaux centres urbains du pays, notamment Rabat, Salé, Tétouan et Fès. Influencés par les idées européennes sur la nation et le nationalisme, ils pensent le Maroc comme une unité géographique, politique et culturelle : un État-nation. C’est la première fois qu’apparaît une identité intermédiaire entre l’appartenance locale (tribu, localité, région, etc.) et l’appartenance globale (l’islam). Mais tout restait à faire. Il fallait en effet créer ou adopter un certain nombre de concepts, de symboles et d’images pour renforcer ce projet et pouvoir mobiliser la population autour de lui, notamment après les événements qui ont suivi la promulgation du Dahir du 16 mai 1930. Pour des raisons obscures, les jeunes nationalistes ont décidé de centrer la construction idéelle et idéale de la nouvelle nation non sur le folklore, la langue, le caractère ethnique, les valeurs ou l’histoire mais sur la personne du sultan. Ils voulaient probablement déclencher une mobilisation collective qui ne soit pas trop en rupture avec les structures traditionnelles pour ne pas éveiller les soupçons de la Résidence générale, du Makhzen et d’une partie de la population. Ils désiraient également profiter du capital symbolique de l’institution sultanienne pour faire passer leurs messages plus facilement. Mais rien n’est sûr car cette période de balbutiements est caractérisée par beaucoup d’improvisation en raison du niveau intellectuel modeste de la plupart des jeunes nationalistes et de leur inexpérience. Il reste que ces derniers ont choisi de mobiliser la population autour de la figure sultanienne et non autour d’une idéologie plus ou moins élaborée et un projet politique clair.

Attirer la sympathie populaire
Pour catalyser l’imaginaire du plus grand nombre de manière rapide, les jeunes nationalistes, notamment les équipes de la revue Al-Maghrib et du journal L’Action du peuple, décident de célébrer l’accession au pouvoir de Mohammed V (1927-1961), considéré comme le symbole de la souveraineté et de l’unité nationale. Une occasion en or pour rassembler la population autour de sentiments et d’aspirations communes et propager les « idées » nationalistes sans inquiéter les autorités. Cela a été le cas en Égypte, source d’inspiration inépuisable pour les nationalistes marocains, où le parti al-Wafd profitait des célébrations annuelles de l’Aïd al-joulous (Fête du trône en Egypte) instauré en 1923 pour organiser des manifestations publiques exaltant le sentiment national et dénonçant l’occupation. Cependant cette fête est d’origine européenne et plus précisément britannique. Elle a été célébrée pour la première fois au XVIe siècle sous le nom d’Accession Day avant d’être adoptée par la plupart des autres monarchies du monde en l’adaptant peu ou prou aux différents contextes locaux.

En juillet 1933, le nationaliste marocain Mohammed Hassar publie anonymement un article dans la revue Al-Maghrib, publié à Rabat par l’Algérien Missa, intitulé Notre gouvernement et les fêtes musulmanes dans lequel il demande timidement aux autorités françaises de faire du 18 novembre, jour de l’intronisation du sultan, une fête nationale. Quelques mois plus tard, c’est L’Action du peuple, dirigée par Mohammed Hassan Ouazzani, qui prend le relais. Entre septembre et novembre 1933, le journal publie plusieurs articles appelant à faire de ce jour « une fête nationale, populaire et officielle de la nation et de l’État marocains ». Il propose la création de comités d’organisation dans chaque ville et la mise en place d’un fonds de bienfaisance auquel contribuera l’ensemble de la nation. Le journal nationaliste suggère également aux organisateurs d’embellir les rues, de chanter l’hymne sultanien, d’organiser des meetings où l’on prononcera des discours et récitera des poèmes, et d’envoyer des télégrammes de félicitations au sultan. Par ailleurs, pour rassurer les plus conservateurs, L’Action du peuple publie une fatwa du alim Abd El-Hafid El-Fassi qui affirme que ce rituel et tout ce qui l’accompagne ne sont pas des innovations blâmables aux yeux de l’Islam.

Les autorités françaises suivent cette dynamique de très près. Elles ont en effet peur des conséquences politiques que pourrait avoir cette entreprise de mobilisation collective. Elles ont essayé d’entraver, voire d’interdire son organisation. Mais devant l’enthousiasme des jeunes et l’acquiescement des notables, elles finissent par céder. La première célébration de la Fête du trône, dont le nom n’était pas encore bien précis (Fête de l’accession, Fête du sultan, Fête nationale, etc.) a eu lieu à Rabat, Salé, Marrakech et Fès. Plusieurs rues des médinas ont été décorées pour l’occasion, les gens se sont réunis dans les cafés ou maisons de notables pour écouter de la musique, des poèmes et des discours tout en sirotant du thé et dégustant des gâteaux traditionnels. Les réunions se terminaient majoritairement par des invocations pour le Maroc et des vivats au sultan à l’exception de Salé qui a organisé, en plus, un feu d’artifice. Enfin, les jeunes et les notables ont profité de l’occasion pour envoyer des télégrammes de félicitation à Mohammed V.

Bien qu’elle soit restée relativement limitée, la première Fête du trône est une véritable réussite. Elle a en effet attiré la sympathie populaire et acculé l’autorité tutélaire. Cela pousse les nationalistes à voir plus grand l’année suivante. Les préparatifs commencent des mois à l’avance. À cet effet, plusieurs comités d’organisation voient le jour dans les différentes régions de l’Empire chérifien, notamment dans la zone espagnole et des brochures contenant des poèmes et des chants nationalistes sont distribuées aux écoliers et aux jeunes. Des journaux et des revues publient des numéros spéciaux consacrés à l’événement. L’engouement populaire oblige l’autorité tutélaire à agir. Pour reprendre les choses en main, la Résidence générale décide d’officialiserla Fête du trône pour couper l’herbe sous les pieds des nationalistes en voulant faire de ce jour une célébration étatique et non populaire. Le 31 octobre 1934, le vizir El Mokri promulgue un décret dont le premier article stipule qu’« à partir de la présente année, le 18 novembre, anniversaire de l’accession de S.M. le Sultan au Trône de ses ancêtres, sera consacré à la commémoration de cet événement ». Celui-ci aura pour nom Aïd el-tidhkar (l’anniversaire de commémoration). La dénomination Aïd el-aârch ne s’imposera que par la suite. Le reste des articles du décret décrivent avec une certaine précision le rituel qu’il faut observer durant cette journée : chaque pacha doit embellir sa ville ; des groupes de musique doivent jouer dans les souks ; il faudra octroyer des dons aux associations caritatives ; les fonctionnaires bénéficieront d’un jour de congé ; les notables de la ville où se trouvent le sultan devront se rendre au palais pour lui présenter leurs voeux. Par contre, il est strictement interdit de prononcer des discours en public ou d’organiser des cortèges. Il va sans dire que cette dernière partie des directives a été de loin la moins respectée par les nationalistes par la suite. Par ailleurs, il est intéressant de noter que ce rituel ne comporte presque aucun élément traditionnel. Tout est inspiré des usages européens à travers le modèle égyptien.

Le détournement autoritaire
Ainsi, la Fête du trône s’impose très rapidement comme une fête nationale qui exprime haut et fort la naissance de la nation marocaine. C’est la première fois qu’un sentiment, que l’on peut appeler « marocanité », émerge et fait de cette fête un moment privilégié de mobilisation populaire contre la puissance coloniale même après l’exil du sultan et l’interdiction de sa célébration le 5 septembre 1953.

Après l’Indépendance, la figure du roi prend beaucoup d’importance jusqu’à éclipser celle de la nation. Le premier « amalgame » symbolique est la confusion délibérée entre la Fête du trône et la Fête de l’Indépendance, célébrées toutes les deux le 18 novembre alors que la date de la fin réelle de l’occupation est le 2 mars. La tendance s’accélère après l’arrivée au pouvoir de Hassan II pour des raisons subjectives et objectives. En effet, l’apparition d’un mouvement de contestation « moderniste » pousse le roi à « traditionnaliser » à nouveau l’institution monarchique et ses outils de légitimation pour se rapprocher des élites traditionnelles. Il faut ajouter à cela la personnalité du monarque qui aspirait à reproduire le modèle absolutiste français. Ce changement de cap devait s’exprimer rituellement, notamment à travers le détournement de la Fête du trône. D’un rituel de consensus, cette célébration se transforme progressivement en un rituel d’affrontement où le roi cherche à exprimer symboliquement sa centralité et son hyper puissance. En d’autres termes, le 3 mars – date d’accession au pourvoir d’Hassan II – devient un moment d’autocélébration monarchique. Petit à petit, sa signification originelle s’évanouit de la mémoire collective.

Rituel étatique et issue du Palais, la Fête du trône conçue par et pour Hassan II est composée de plusieurs cérémonies d’origines musulmanes et européennes dont l’objectif est de délivrer des messages politiques et exprimer les hiérarchies sociopolitiques. Si la cérémonie d’allégeance est la plus célèbre et la plus spectaculaire, il ne faut pas omettre l’importance symbolique du discours royal, de la cérémonie de prestation de serment par les officiers, nouveaux lauréats des différentes écoles militaires et paramilitaires et de la cérémonie de remise de décorations à des personnalités locales et internationales. Par ailleurs, on assiste durant ces autocélébrations à des flux de dons matériels et immatériels (la grâce royale par exemple) dans un souci apparent, mais sans doute inconscient, de concurrencer les fêtes religieuses qui restent très populaires. Les médias officiels et officieux quant à eux ne ménagent aucun effort pour dresser un tableau radieux de l’ère royale. Le discours royal suit généralement un canevas bien précis : rappel de l’unité entre la monarchie et le peuple, le combat de Mohammed V et Hassan II pour libérer et unifier le pays ; passage en revue des réalisations de l’année ; présentation des principaux chantiers politiques, économiques et sociaux ; directives générales au gouvernement pour améliorer la vie des sujets ; précision des règles du jeu politique national si cela est nécessaire. En somme, le monarque donne à voir qu’il est seul à contrôler le temps politique au Maroc.

Une entité transcendante
En bon autocrate, le monarque sait se servir des récompenses publiques pour circonvenir ou neutraliser certaines « élites ». Cette pratique s’inspire de l’oeuvre de Napoléon Bonaparte qui a créé la légion d’honneur pour coopter et amadouer les élites françaises. Durant une cérémonie pompeuse, le roi remet des décorations de différents ordres à des artistes, intellectuels, politiciens, religieux, etc. Mais les critères de sélection et les motifs d’attribution sont loin d’être clairs. Dans les systèmes autoritaires, le chef essaie toujours de montrer qu’il dispose du soutien indéfectible des forces militaires et paramilitaires en tant qu’outil de domination par excellence.

Cela se traduit rituellement au Maroc par l’organisation d’une cérémonie à l’occasion de la Fête du trône durant laquelle les nouveaux lauréats des différentes écoles de l’armée prêtent serment de fidélité directement au monarque. Le message est clair : les troupes ont un seul et unique chef. Par ailleurs, les officiers supérieurs respectent, eux, un protocole rigide en présence du roi, notamment après les tentatives de coup d’État de 1971 et 1972. Ils doivent montrer encore plus que les autres dignitaires une soumission absolue durant les manifestations publiques, dont la Fête du trône.

Cela dit, la cérémonie d’allégeance est sans aucun doute le clou du spectacle. Inspirée intégralement de la cérémonie de renouvellement du serment de fidélité mise en place par le sultan Ahmed El Mansour au XVIe siècle, elle confronte le monarque à ceux qu’il considère comme ses serviteurs les plus fidèles : les hauts fonctionnaires du ministère de l’Intérieur. Toutes les autres composantes de l’élite sont de simples spectateurs. Tout dans cette cérémonie magnifiée tend à montrer une nouvelle fois la figure du roi comme une entité transcendante, à la fois au centre et au-dessus de l’espace social marocain.

En effet, les habits d’apparat, les insignes du pouvoir et la musique solennelle qui accompagnent le cortège royal tendent à prouver qu’il est le porteur de l’histoire sacrée de la cité musulmane et le garant de sa continuité et de sa stabilité. Les costumes traditionnels blancs et identiques que portent les dignitaires de l’Intérieur démontrent que dans ce laps de temps « sacré » les hiérarchies et les différences s’effacent pour révéler au grand jour un corps uni et homogène derrière et autour de son chef.

La liturgie politique proprement dite démarre quand le cortège commence à franchir les groupes de dignitaires rassemblés par région. Alors qu’un mkhazni scande des formules patriarcales exprimant la bénédiction et la satisfaction du souverain, les dignitaires lui souhaitent longue vie tout en se prosternant religieusement à plusieurs reprises. Le déploiement de la grâce du souverain – au sens de baraka et de niaâma – pôle autour duquel tout tourne dans le Royaume, nécessite en effet une obéissance et une soumission absolues de ses affidés. Une analogie frappante avec certains rituels religieux qui animent encore aujourd’hui les arcanes du pouvoir au Maroc.

Source : Zamane