Les Marocains Juifs : Un Exemple de Fraternisation Judéo-Arabe

Les Marocains Juifs : Un Exemple de Fraternisation Judéo-Arabe

Mesdames, Messieurs, Chers membres

Le Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement Humain eu a le plaisir de vous inviter à sa première visioconférence au titre de l’année 2022 intitulée :

Les Marocains Juifs : Un Exemple de Fraternisation Judéo-Arabe

Jeudi 10 Mars 2022 à 16h00 

La conférence a été animée par Monsieur Mohammed Hatimi, Professeur de l’Enseignement Supérieur à l’Université de Fès.

Avec la participation de:

Monsieur Lionel Tangy-Malca, Président de HOMA Capital. 

Monsieur Elie El Baz, Professeur de l’Enseignement Supérieur à la Faculté de Droit de Casablanca.

Monsieur Mohamed Bourras, Historien Chercheur Spécialiste en Histoire Contemporaine, Nationalisme, Partis Politiques, Juifs du Maroc et Histoire Militaire.

Nous vous remercions d’avoir suivi la séance qui a été diffusée en direct sur notre chaîne YouTube : 

www.youtube.com/user/FondationMHO

Avec nos meilleures salutations.

Mohammed Hatimi

Professeur d’enseignement supérieur à l’Université de Fès, professeur associé à l’Ecole des Hautes en Sciences Sociales (Paris), et l’Université Ca Foscari Venezia. Auteur de plusieurs articles sur la judéité marocaine, il a traduit à l’arabe plusieurs livres, notamment « Juifs du Maroc à travers le monde » (Robert Assaraf), et « The Mellah of Marrakech » (Emily Gottreich). Sa thèse sur l’évolution interne des communautés juives marocaines depuis 1948 à 1961, est en cours de publication. Pr. Hatimi est conférencier pour la promotion et la conservation de l’héritage juif marocain.

Lionel Tangy-Malca

Président de HOMA Capital.

Je suis né au Maroc, un pays que j’ai quitté à l’âge de 13 ans pour rejoindre Marseille où j’ai fait mes études et où j’ai eu l’avantage de devenir mari et père de trois enfants.

Sur le plan professionnel, j’ai toujours évolué dans le secteur financier pour traiter des problématiques d’investissement visant des Institutionnels.

Ma séparation de corps avec ma terre, le Maroc,  me conduit à cultiver mon amour avec celle-ci en faisant notamment la promotion de ses valeurs.

Elie El Baz

Né en 1948 à Bejaâd, Elie Elbaz est professeur de l’enseignement supérieur à la Faculté de droit de Casablanca et Professeur associé à l’Université de Bordeaux (centre d’études d’Afrique Noire). Docteur d’Etat en droit public et sciences politiques et Docteur en histoire, M. El BAZ a suivi ses études supérieures à l’université Paris-I, Pantheon- Sorbonne. Il est également diplômé de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE), (4ème section : sciences religieuses). Membre actif de l’association « Akwass » à Bejaad, il œuvre dans les domaines de lutte contre la pauvreté et de l’analphabétisme, de développement culturel, de la santé et de développement de l’enseignement.

Mohamed Bourrass

Historien chercheur Spécialiste en Histoire Contemporaine/Nationalisme/ Partis politiques/Juifs du Maroc/Histoire Militaire.

FORMATION

❖ 2004 : Doctorat en Histoire contemporaine à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines. Université de Mohammed V de Rabat. Spécialité : Histoire, U.F.R: Le Maroc et le Monde contemporain ; Sujet : Les Partis Politiques et les Juifs marocains entre la conjoncture interne et les effets de l’affaire palestinienne (1934-1967). Sous l’encadrement du professeur Mohammed Kenbib.
❖ 1995 : Diplôme des Etudes Approfondies, option : Histoire contemporaine, Université, Mohammed V, Rabat.
❖ 1994 : Licence en Lettres et Sciences Humaines, Histoire, Université Moulay Ismail, Meknès.

EXPÉRIENCE PROFESSIONNELLE

❖ Dès 1996 : Participation au projet de la base de donnée (Maroc) à la Bibliothèque Générale et Archives à Rabat (Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc), élaborée en collaboration avec la fondation Al- Saoud de Casablanca, et à la base de données « Patrimoine national », comprenant : Un recueil bibliographique : histoire politique Militaire, géographie… En plus de ces projets, j’ai été chargé de l’organisation et la classification des périodiques : Revues, Journaux du Protectorat et après l’indépendance.
❖ 1997-1999 : Secrétaire général de l’Association des Etudiants Chercheurs en Histoire : L’organisation, le développement, l’animation, les voyages d’études et de la coopération avec des Universités internationales.

PRODUCTION SCIENTIFIQUE
❖ 2022 : Contribution au colloque International organisé par l’Institut Royal pour la Recherche, Académie du Royaume du Maroc, sur l’Histoire du Maroc sur le thème : Recherche sur l’histoire du Maroc avec thème : L’histoire du Maroc via les plates-formes numériques : Entre problématique de la mémoire et pouvoir de la connaissance.

❖ 2021 : Contribution à un ouvrage collectif sur l’histoire du Maroc contemporain, entre passé et temps actuel. Œuvres dédiées à Mohammed Kenbib. F.L.S.H Rabat, Série :86. Edition : Abi Rekrak, 2021.
❖ 2019 : Présentation du livre : Les Juifs de Tétouan (1492-1900), histoire et changements entre exigence de recherche monographique et conditions du domaine et de géographie. Bibliothèque générale de Tétouan.
❖ 2017 : Contribution à un colloque organisé par l’Institut Universitaire de Recherche Scientifique à Rabat autour du sujet : Le Maroc et les pays du Golfe Arabe en polarité.
❖ 2016 : Publication d’un article scientifique dans la revue Héspris-Tamuda, Edition consacrée aux Juifs du Maroc, F.L.S.H Rabat.
❖ 2015 : Présentation du livre : Les tactiques militaires dans l’histoire du Maroc, depuis l’ère des Idrissites jusqu’aux Alaouites avant le protectorat, produit par Ahmed Bssiri, Dar Al Kalam, Rabat.
❖ 2013 : Contribution à un colloque national autour du thème : Les Elites dans l’histoire du Maroc, Œuvres dédiées à Mustapha Chapi. Faculté des Lettres et des Sciences Humaines à Rabat. Sujet de conférence : L’Elite politique juive au Maroc à l’ère du Protectorat et avant la création des partis politiques.

❖ 2010 : Présentation du livre : Les relations entre le Maroc et les Etats- unis, œuvre de Mohamed Ben Hachem, Université Mohamed Ibn Abdellah. Dahr Mehraz, Fès.
❖ 10-2009 : Contribution à un colloque international à Tunis autour du thème : Méditerranée et Géostratégie. Titre de conférence : Aspects civilisationnels de l’armée marocaine en Andalousie à l’ère médiévale, (Publiée).
❖ 05-2009 : Publication d’un article sur l’ouvrage de Mustapha Chapi : L’armée marocaine au XIXe siècle, Travaux scientifiques organisées par l’association marocaine de recherche historique, F.L.S.H Rabat.
❖ 10-2008 : Présentation du livre : La coopération Franco-Africaine d’Abdelhamid
Sehnaji. Travaux scientifiques de l’unité de recherche historique, Institut des Etudes Africaines, Rabat, (publiée).
❖ 04-2008 : Organisation et contribution au colloque : Les batailles dans l’histoire du Maroc, organisé par l’unité de recherche en histographie et techniques de presse et de communication. F.L.S.H. Oujda. Titre de conférence : Origines de la pensée stratégique et tactiques de bataille dans l’histographie arabe et marocaine. (Publiée).
❖ 02-2008 : Contribution au séminaire parmi les activités culturelles du Master : Maroc et environnement international à l’ère moderne et contemporaine. Titre de conférence : Le rôle de la presse dans le conflit international sur le Maroc durant la deuxième moitié du XIXe siècle. F.L.S.H, Université Mohamed Ibn Abdellah. Dahr Mehraz, Fès.
❖ 2008 : Présentation du livre : Les Algériens au Maroc de Mohamed Amettat.
Travaux scientifiques organisées par l’association marocaine de recherche historique, F.L.S.H et l’Institut Universitaire de Recherche Scientifique Rabat.
❖ 10-2008 : Contribution à un colloque international organisé par l’Université
Alakhawayn autour du thème : Fès, une histoire internationale. Titre de conférence :
La presse française régionale sur la ville de Fès à l’ère du Protectorat entre soutien de l’institution militaire française et intérêts accordés au domaine au domaine socioculturel de la ville. (Publiée).
❖ 2007 : Présentation d’une étude sur l’histoire militaire à travers l’œuvre du colonel Ahmed Bssiri : Les sources d’histoire militaire. Travaux scientifiques organisées par F.L.S.H, Université Mohamed Ibn Abdellah. Dahr Mehraz, Fès. (Publiée par la commission marocaine d’histoire militaire).
❖ 10-05-2007 : « Perspectives d’une écriture moderne d’histoire militaire : Analyse du livre : source du patrimoine militaire dans la gestion des troupes et la politique des guerres, du Colonel Ahmed Elbssiri » F.L.S.H, Université Mohamed Ibn Abdellah. Dahr Mehraz, Fès.
❖ 23-05-2007 : « Histoire militaire du Maroc : entre la naissance et les sources »,
Contribution aux journées d’étude organisées par le Département d’histoire de la Faculté des Sciences Humaines, Ain Chok, Casablanca sous le thème : Sources
d’histoire militaire du Maroc.

❖ 07-05-2007 : « La stratégie de “sécuriser” les frontières orientales du Maroc, vis-à-vis de l’Institution militaire française, avant l’institution du Protectorat, exemple le centre militaire de Taouirirte entre 1844-1912 », Contribution au colloque organisé a la Faculté des Lettres et Sciences Humaines d’Oujda sous Kasbat Taourirte et Oued Zam : l’espace, histoire, et le développement (Publication en cours).
❖ 14-05-2007 : « Histoire militaire du Maroc : Bilan préliminaire », Hebdomadaire
Alahdate Al Maghribia, n° 2660.
❖ 2006 : Articles publiés dans le cadre des Festivités commémorant le 50° anniversaire de la création des Forces Armée Royales (2006) :
✓ Lecture dans l’ouvrage intitulé : sources du patrimoine militaire : administration
des troupes et politique de guerre, approche historique dans les contextes
militaires.
✓ Genèse d’histoire militaire : approche intellectuelle
✓ Les côtés maritimes militaires dans traités internationales du Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah : contextes juridiques dans le cadre d’union et de paix : 1757-1790.
✓ Guerre et économie pendant la 2°Guerre Mondiale : lecture dans quelques communications du 30°Congrès International d’Histoire militaire.
✓ Exploitation d’archives dans le contexte des études historiques contemporaines
entre théorie et pratique : l’Ecole Dar El Beida comme exemple.
❖ 21-26/02-2005 : Elaboration d’une recherche sur les Kasbahs du Sud marocain, avec la collaboration du CERKAS.
❖ 12-04-2005 : « Le rôle de la presse dans le conflit international sur le Maroc entre
1900-1945, Communication au colloque organisé à  la Faculté des Lettres et Sciences
Humaines d’Oujda sous le thème : Guerre et Médias dans l’histoire.
❖ 22-11-2005 : « Livre et société marocaine : problématique historique à travers l’ouvrage du Abed el Hay Kettani intitulé : l’histoire des bibliothèques musulmanes et des écrivains », contribution aux travaux des journées nationales organisées par l’Association Marocaine pour la Recherche Historique (AMRH), à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Meknès, (Publiée).
❖ 01-02/06/2004 : « Le Maroc dans les archives nationales, entre les obligations
législatives et les exigences de la recherche historique », Contribution aux journées
d’études organisées par l’Institut de la bibliographie analytique et de documentation de l’histoire du Maghreb à l’Université Sidi Mohammed Ben Abd Allah , Dhar Al Mehraz Fés, sous le thème « Le Maroc dans les archives étrangères : bibliographie analytique » en arabe ( publiée sur un site d’Internet).
❖ 02-03/10/2003 : « La presse marocaine et étrangère comme source historique à
l’époque du Sultan Moulay Youssef », Communication aux journées d’études organisées au centre des études et recherches Alaouite à Rissani, par le Secrétariat Générale du Ministère de la Culture sous le thème : « la Dynastie
Youssoufide ».

❖ 2002/12/12 : « l’importance de la presse régionale française au Maroc dans de
l’écriture de l’histoire rurale du Maroc ». Communication à une journée d’étude sous
le thème : « la recherche scientifique et l’écriture de l’histoire rurale » organisée par
la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Kenitra (Publiée).
❖ 06-07/03/2002 : « la conception des chroniqueurs marocains de la compagne,
approche thématique du chroniqueur Abou Khalid Nassiri», Contribution aux journées d’études : « l’espace rural marocain, particularités et changements » organisées par la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Kenitra, en arabe, (publiée).
❖ 14/04/2000 : « Aperçu sur la Presse du sud marocain après l’indépendance, 1956-1967: Du Sahara marocain à Chenguit », Contribution à la Première Rencontre Nationale sur la Culture Saharienne, organisée par la Faculté des Lettres et des
Sciences Humaines de Ben Messik à Casablanca.
❖ 18/02/2000 : Conférence à la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc sur le thème : « La Presse arabe conservée à la Bibliothèque Générale dès son origine à 1956. »
❖ 1999 : « La pensée réformiste du Cheik Maa Elâinaine et Bel ârbi El Alaoui » (en
arabe), Communication au colloque Smara Citadine Spirituelle du Sahara, organisé à
Smara/ Maroc (publiée).
❖ 1998 : « Exil de Mohammed V à travers la Presse » Contribution à la journée d’études parrainée qui s’est tenue à Ouarzazate.
❖ 7-8/4/1997 : « Le Parti Démocrate de l’Indépendance et l’écho de la visite royale en 9 avril 1947 », Contribution au Colloque organisé par l’Université Mohammed V, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Rabat sous le thème : La visite de Sidi Mohammed Ben Youssef à Tanger, 1947 (Publiée).

Les Marocains Juifs :un exemple de fraternisation judéo-arabe

Depuis quelque temps déjà, le Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement humain envisage d’organiser une conférence/débat sur la place des juifs dans l’histoire du Maroc.

Dans le contexte actuel d’un approfondissement et d’un élargissement des relations entre le Maroc et l’Etat d’Israël, notre Centre estime pertinent de donner une perspective historique au destin des Juifs marocains.

L’exposition en cours du 24 novembre 2021 au 13 mars 2022, sur Les Juifs d’Orient : une histoire plurimillénaire à l’Institut du Monde arabe à Paris invite à mettre en évidence la spécificité marocaine, ne serait-ce que par l’apport documentaire et patrimonial de la culture juive marocaine.

Pour le projet de visio-conférence, notre Centre propose la problématique suivante :
Les Juifs marocains : un exemple de fraternisation judéo-arabe.

Le Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement humain est légitimé à proposer des échanges sur cette problématique qui fait référence à la fois aux promesses d’un avenir sûr et prospère à l’aube de l’indépendance et à la tragédie de l’exil par vagues successives de centaines de milliers de Juifs marocains.

En effet, Mohamed Hassan Ouazzaniqui a consacré sa vie au combat pour l’indépendance de son pays dès les années 1930 et à la promotion de la démocratie dans un Maroc souverain, s’est prononcé avec vigueur pour rassurer ses compatriotes juifs au moment où des craintes surgissaient sur leur présence et leurs droits suscitées par des propos démagogiques de certains dirigeants politiques et publicistes.

Une réflexion pourrait être ainsi développée à partir des écrits de Mohamed Hassan
Ouazzani ( voir notamment en annexe la reproduction de la page du Journal démocratie, illustrant l’accueil au Cercle de l’Union israélite à Casablanca, le 10 février 1957.)

Dans l’ouvrage Entretiens avec mon père : http://mohamedhassanouazzani.org/entretiensavec-
mon-pere/ (aussi en arabe), Izarab Ouazzani a reproduit plusieurs documents
rassemblés par son père en vue de la rédaction de ses mémoires pour la période 1945-1955, (dont il n’a pas pu achever la rédaction). Le chapitre 7 traite : Les Israëlites marocains, p. 213-218. Il y est justement question d’une « fraternisation judéo-arabe … qui serve d’exemple dans le monde ».

Aux yeux de Mohamed Hassan Ouazzani et des dirigeants de son Parti, le PDI, les Israélites marocains, du fait notamment de leur éducation, de leur formation professionnelle sont appelés à apporter une contribution importante à la mise en place d’un Maroc nouveau, orienté vers la modernité ; leur contribution à la création et à la consolidation d’institutions démocratiques était attendue, car souhaitée par les élites israélites. « L’égalité doit régner entre tous les citoyens… dans tous les domaines » et sans discrimination », proclamait le PDI.

Si en effet, les nouveaux ministères et agences créés au moment de l’indépendance ont compté de nombreux cadres israélites, très rapidement ils ont été dissuadés, voire écartés. Sur cette question, il serait intéressant d’avoir des données plus précises ainsi que des témoignages qui documenteraient le ratage de cette « fraternisation » prometteuse au moment de l’indépendance.

Pour sa part, Mohamed Hassan Ouazzani a déploré cette dérive vers l’exclusion qui a privé le Maroc d’importantes et précieuses ressources humaines au moment où elles étaient indispensables pour la modernisation du pays et l’instauration d’institutions démocratiques authentiques.

Jusqu’à la fin de sa vie, nombreux ont été les témoignages d’Israélites marocains, restés fidèles à leur « combattant patriotique » et tous affectés par l’échec du Maroc nouveau de fraternité.

A partir de cette référence historique, il serait important d’aborder quelles peuvent être les perspectives d’une fraternisation renouvelée entre tous les Marocains d’origine qu’ils soient musulmans ou israélites, émigrés dans le monde entier. En effet, il y a des fraternisations prometteuses dans les diasporas qu’il serait intéressant de mettre en évidence : cercles culturels ou programmes de coopération en faveur du développement humain, éducatif, culturel, socio-économique etc.

Pour cette visioconférence par le biais de zoom, il serait souhaitable d’associer 4-5
intervenants tant du Maroc que de l’étranger, ce qui permet de constituer un panel idéal pour permettre des échanges (voir nos précédentes conférences :
http://mohamedhassanouazzani.org/activites-2/conferences/ ).

 

Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement humain
Février 2022

محمد بن الحسن الوزاني والمغاربة اليهود
ما بين المطلب السياسي الوطني والفعل اللبرالي القومي 1934 – 1967
محمد برا ص
أستاذ التاريخ المعاصر
الورقة العلمية

غالبا ما يصنف محمد بن الحسن الوزاني على رأس زعماء الحركة الوطنية، الذين تشبعوا بالفكر الغربي. ولد
في العام عشرة وتسعمائة وألف للميلاد، وتوفي في العام ثمان وسبعون وتسعمائة وألف، حيث واكب بذلك مرحلتين
.أساسيتين: فترة الحماية ومرحلة الاستقلال. فكان في كلتا المرحلتين المحرك الرئيس لتياره السياسي

اهتم محمد بن الحسن الوزاني بالعمل السياسي منذ وقت مبكر، فبرز دوره الفعال على الساحة السياسية
الوطنية، سواء داخل التنظيمات السرية التي أنشأها الشباب المغربي المثقف، أو تلك التي انخرطت فيها العناصر
المغربية إلى جانب الزعامات العربية. وبهذا، فإن المساهمة العلمية المقترحة ستعمل على تسليط الضوء على المضامين
الفكرية لمحمد بن الحسن الوزاني في تأطير ه السياسي للمغاربة اليهود، مع تحديد معالم مسار نشاطه الحزبي والسياسي
بشكل عام. كل ذلك في علاقته بالتطو رات السياسية التي عرفها المغرب ضمن فترة الحماية الفرنسية، وبالضبط من ذ
نشأة العمل السياسي للحركة الوطنية إلى حدود العام 1955 ، وما واكب تلك الفترة من مشاورات سياسية حول عدد من القضايا التي تهم المغرب المستقل. بما في ذلك، تحديد ه لمفهوم المواطنة بالنسبة لجميع المغاربة مسلمين ويهود
كما ستنكب هذه المساهمة العلمية أيضا ، على رصد مواقف محمد بن الحسن الوزاني الفكرية والسياسية تجاه
المغاربة اليهود في المغرب المستقل، أي من العام 1956 إلى حدود العام 1967 . مع الأخذ بعين الاعتبا ر ما واكب
المرحلة التاريخية المعنية من مخاص سياس ي وتحولا ت عميقة طبعت المغرب الحديث. علما أن المساهمة تمثل في .عمقها
مشروع كتاب نعمل على إنجازه مستقبلا حول علاقة الأحزاب الوطنية بالمغاربة اليهود بشكل عام
:وتتضمن المداخلة المحاور الكبرى التالية
المحور الأول: محمد بن الحسن الوزاني والمغاربة اليهود في ظل نشاط كتلة العمل الوطني 1934 – 1937
المحور الثاني: محمد بن الحسن الوزاني والمغاربة اليهود في سياق نشاط حزب الشورى والاستقلال 1946 – 1955
المحور الثالث: محمد بن الحسن الوزاني والمغاربة اليهود بالمغرب المستق ل 1956 – 1967 .

Les Marocains Juifs : un exemple de fraternisation judéo-arabe              

INTRODUCTION

 

Au nom du CENTRE MOHAMED HASSAN OUAZZANI POUR LA DEMOCRATIE ET LE DEVELOPPEMENT HUMAIN, j’ai le plaisir de vous inviter à prendre part à cette visioconférence intitulée Les Juifs marocains : un exemple de fraternité judéo-arabe.

Pour animer la conférence et apporter leurs éclairages, notre Centre se réjouit d’accueillir des spécialistes de l’histoire des Juifs du Maroc : le professeur Mohamed Hatimi et le Professeur Mohamed Bourras, tous deux de l’Université de Fès. Leurs recherches et leurs publications renouvellent de façon significative les connaissances sur la situation des Israélites et de leurs relations avec leurs voisins ou partenaires musulmans.

Etant donné la dimension profondément humaine et mémorielle de la situation particulière des Juifs au Maroc, nous avons tenu à associer des intervenants en tant que témoins de leur« vécu marocain ». Je tiens à remercier pour sa disponibilité Monsieur le Professeur Elie Elbaz à apporter son témoignage et son analyse ; il s’est illustré pendant des années à la Faculté de Droit à Casablanca et dans d’autres universités au Maroc et à l’étranger ; il est aussi un membre actif du Conseil national des Droits humains.

Je suis aussi très heureuse d’accueillir Monsieur Lionel Tangy-Malca qui s’est proposé très spontanément et avec enthousiasme d’apporter,depuis Paris où il réside, le témoignage de son attachement indéfectible à sa patrie marocaine ; exerçant des activités dans le monde des affaires au niveau international, ses commentaires et ses suggestions nous permettront de prendre conscience des opportunités qui s’offrent au Maroc dans la compétition mondiale.

Depuis quelque temps déjà, le Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement humain se proposait d’organiser une conférence/ débat, voire un colloque scientifique sur la place des Juifs dans l’histoire du Maroc.  La pandémie a retardé et empêché d’organiser une séance en présentiel selon nos pratiques depuis des années ; elle nous a contraints en 2020 et 2021 àrecourir à des visioconférences, toutes disponibles sur notre site et sur Youtube.

En ce début d’année 2022, par précaution sanitaire, nous proposons encore de recourir à la visioconférence, notamment pour aborder aujourd’hui la situation des Juifs marocains, leurs liens personnels et affectifs avec leur pays de naissance ou d’origine, liens porteurs de perspectives nouvelles et prometteuses.

En effet, dans le contexte actuel d’un approfondissement et d’un élargissement des relations entre le Maroc et l’Etat d’Israël, notre Centre estime pertinent de donner une perspective historique au destin des Israélites marocains, dont une part importante a émigré en Israël, population émigrée qui procure une assise significative au partenariat entre les deux pays.

Par ailleurs, l’exposition en cours du 24 novembre 2021 au 13 mars 2022, sur Les Juifs d’Orient : une histoire plurimillénaire à l’Institut du Monde arabe à Paris invite à mettre en évidence la spécificité marocaine, ne serait-ce que par l’apport documentaire et patrimonial de la culture juive au Maroc.

De nombreux documents et témoignages montrent la profonde imbrication des cultures juive et musulmane de façon impressionnante dans les diverses régions du Maroc, bien au-delà des grandes cités impériales ou portuaires qui servent souvent de référence.

Signalons encore la diffusion récente d’un documentaire original, passionnant et émouvant, intitulé ZIYARA qui illustre de façon remarquable l’attachement des Israélites aux lieux exceptionnels de mémoire que sont les cimetières et les sanctuaires de Saints vénérés à travers le Maroc. Madame Simone Bitton, autrice de ce film d’une grande authenticité que nous avons souhaité associer à notre séance n’a pas été disponible à notre grand regret. En effet, les séquences de nombreux témoignages qu’elle a recueillis et commentés illustrent de façon exemplaire la thématique proposée ici de la fraternisation entre Juifs et Musulmans au Maroc en tant que réalité vécue de part et d’autre.

Notre Centre Mohamed Hassan Ouazzani pour la Démocratie et le Développement humain estime en effet qu’il est particulièrement légitimé à proposer des échanges sur cette problématique qui nous invite à évoquer les  promesses d’un avenir sûr et prospère à l’aube de l’indépendance ainsi que la tragédie de l’exil, par vagues successives, de centaines de milliers de nos compatriotes israélites.

En effet, Mohamed Hassan Ouazzani a consacré sa vie au combat pour l’indépendance de son pays dès les années 1930 et à la promotion de la démocratie dans un Maroc souverain ; il s’est prononcé avec vigueur pour rassurer ses compatriotes juifs au moment où des craintes surgissaient sur leur présence et leurs droits ; ces craintes étaient suscitées par des propos démagogiques de certains dirigeants politiques et publicistes ; en outre, elles étaient alimentées par des attentats, des meurtres et  des disparitions qui présageaient du pire au moment de l’accession du Maroc à l’indépendance.

D’ailleurs, durant cette période trouble des années 1950, Mohamed Hassan Ouazzani s’est évertué, lors de rencontres avec des responsables de la communauté israélite marocaine et dans ses interviews,  à insister sur la parfaite égalité des droits entre musulmans et israélites dans le Maroc nouveau ; à son avis, ce nouveau Maroc devait se  libérer du colonialisme,  des féodalités et du sectarisme qui bloquaient l’établissement d’institutions démocratiques, condition indispensable à l’accession du pays  à la modernité et à son unité.

Mon père ne ménagea pas ses interventions auprès des organisations juives à l’étranger, notamment lors d’entretiens avec le bureau de l’Agence juive à Genève en 1955. Dans ses mémoires, le directeur de ce bureau rend compte des initiatives et promesses échangées avec des dirigeants des mouvements nationalistes marocains et en particulier du Parti démocrate de l’Indépendance (PDI) de Mohamed Hassan Ouazzani, et cela en vue d’assurer un avenir de paix et de prospérité à la communauté israélite au Maroc.

De retour dans son pays après l’indépendance, Mohamed HassanOuazzani a tenu à inviter tous les compatriotes israélites à se mobiliser pour l’édification d’un Maroc démocratique. Son discours lors de son accueil par la communauté israélite au Cercle de l’Union à Casablanca, le 10 février 1957, en est une parfaite illustration.

Permettez-moi de vous lire un extrait de son discours en réponse aux paroles du Président de cette assemblée, Monsieur Sam Nahon, qui a rappelé, je le cite :

« Dès le début du mouvement nationaliste, le leader du PDI se penchait avec générosité, humanisme et intelligence sur le problème du judaïsme marocain.   … Dès cette époque, alors que le Maroc n’avait pas conscience des problèmes modernes, en grand précurseur, M. Ouazzani prêchait l’égalité et la fraternité entre les différentes communautés religieuses du Maroc ».

Répondant à cette sympathique introduction, Mohamed Hassan Ouazzani déclare :

« Nous restons fidèles à notre lutte. Quand nous avons entrepris avec nos compagnons la libération du sol national, nous étions persuadés que cette libération n’était valable qu’autant qu’elle libérait tous les citoyens marocains – et vous êtes, camarades de confession israélite, d’authentiques citoyens de ce noble pays ».

« L’indépendance acquise doit vous apporter comme à tous les Marocains de grandes satisfactions morales et matérielles. Vous avez des devoirs à l’égard de votre pays, mais aussi des droits. Je vous demande d’œuvrer à parfaire l’indépendance et l’unité de notre pays et à travailler pour contribuer à sa prospérité ».

« En revanche, citoyens marocains de confession israélite, vous avez le droit de vivre en paix, respectés et libres. – Aucune entrave ne doit gêner le plein épanouissement de votre personnalité – le PDI est votre parti, il ne fait aucune différence entre ses adhérents de confession israélite et musulmane – il répond au génie de votre race qui est profondément démocratique – Le PDI ne créera pas de formation spéciale pour les Israélites. En tant que Marocains, ils doivent vivre dans les mêmes formations que les Musulmans. Car c’est en se côtoyant, en se fréquentant, en souffrant ensemble et en triomphant en commun des difficultés que l’on apprend à s’estimer, à s’aimer ».

(fin de la citation à partir du Journal Démocratie du 17 février 1957, accessible en ligne sur le site de notre Centre)

Je tiens encore à signaler que dans l’ouvrage Entretiens avec mon père (qui est aussi en arabe), mon regretté frère Izarab Ouazzani a reproduit plusieurs documents rassemblés par notre père en vue de la rédaction de ses mémoires pour la période 1945-1955, (dont il n’a pas pu achever la rédaction). Le chapitre 7 a pour titre : Les Israélites marocains, p. 213-218. Il y est justement question d’une « fraternisation judéo-arabe … qui serve d’exemple dans le monde ».

Aux yeux de Mohamed Hassan Ouazzani et des dirigeants de son Parti, le PDI, les Israélites marocains, du fait notamment de leur éducation, de leur formation professionnelle sont appelés à apporter une contribution importante à la mise en place d’un Maroc nouveau, orienté vers la modernité ; leur contribution à la création et à la consolidation d’institutions démocratiques était attendue, car souhaitée par les élites israélites. « L’égalité doit régner entre tous les citoyens… dans tous les domaines » et « sans discrimination », proclamait le PDI dans ses nombreuses interventions et publications. Faut-il rappeler que des intellectuels et des experts israélites ont fourni des articles ou des chroniques dans plusieurs numéros du Journal Démocratie entre 1957 et 1958 et dans d’autres publications du partiet dans divers journaux. Je signale notamment les articles d’un très jeune Victor Malka qui animera pendant des années une émission sur la culture juive sur France culture.

Par ailleurs, si les nouveaux ministères et agences créés au moment de l’indépendance ont compté de nombreux cadres israélites, très rapidement ils ont été dissuadés, voire écartés de leurs postes. Sur cette question, il serait intéressant d’avoir des données plus précises ainsi que des témoignages qui documenteraient le ratage de cette « fraternisation » prometteuse au moment de l’indépendance.

Pour sa part, Mohamed Hassan Ouazzani a déploré cette dérive vers l’exclusion qui a privé le Maroc d’importantes et précieuses ressources humaines au moment où elles étaient indispensables pour la modernisation du pays et l’instauration d’institutions démocratiques authentiques.

Jusqu’à la fin de sa vie, nombreux ont été les témoignages d’Israélites marocains, restés fidèles à leur « combattant patriotique » et tous affectés par l’échec du Maroc nouveau de fraternité.

A partir de cette référence historique, il serait important d’aborder quelles peuvent être les perspectives d’une fraternisation renouvelée entre tous les Marocains d’origine qu’ils soient musulmans ou israélites, émigrés dans le monde entier. En effet, il y a des fraternisations prometteuses dans les diasporas qu’il serait intéressant de mettre en évidence : cercles culturels ou programmes de coopération en faveur du développement humain, éducatif, culturel, socio-économique etc.

C’est dire que la question que nous allons aborder aujourd’hui soulève des interrogations à propos de faits historiques oubliés ou délibérément escamotés ; elle ouvre aussi des perspectives sur la prise en compte d’atouts solides en faveur de l’élaboration d’une mémoire partagée entre citoyens musulmans et israélites ; cette mémoire peut non seulement entretenir, mais surtout développer des opportunités d’échanges pacifiques et féconds en référence aux racines communes des deux communautés.

Je suis certaine que nos intervenants sauront apporter des éclairages passionnants et inspirants, non seulement sur les résultats de leur recherche académique, mais aussi sur les vécus des uns et des autres.

Il me reste à remercier encore une fois tous nos intervenants et à saluer aussi le public auquel cette visioconférence est ouverte, public d’ailleurs invité à exprimer ses observations et ses questions par message.

 

 CONCLUSION

A l’issue de ces passionnants exposés et des échanges qui les ont magnifiquement prolongés, je tiens encore à remercier tous les intervenants.

Leurs propos contribuent à la mise en évidence  de l’importance du patrimoine humain, culturel et moral du judaïsme marocain, présent depuis des millénaires dans notre espace maghrébin. L’exil malheureux et regrettable de la grande partie de cette communauté ne doit pas effacer de notre histoire cette expérience privilégiée d’un vivre ensemble et encore moins de notre mémoire nationale.

L’attachement profond et pas seulement émotionnel de milliers d’Israélites établis de par le monde à leurs racines marocaines est un fait qui doit être reconnu par l’ensemble de la population marocaine.  Les programmes d’enseignement général et professionnel devraient apporter des connaissances essentielles sur la présence juive au Maroc et de ses apports importants à l’histoire et à la culture de notre pays.

Les expériences passées d’un “vivre ensemble” entre les communautés juives et musulmanes invitent à nourrir la voie à des dynamiques de nouvelles coopérations fraternelles, notamment dans les diasporas respectives. Ces potentiels de coopération sont des opportunités pour le développement des institutions et des pratiques démocratiques aussi bien au Maroc que dans les populations émigrées.

Notre pays pourra ainsi s’assurer de nouvelles perspectives de développement humain et socio-économique et d’un rayonnement à la hauteur de son prestige historique comme le rêvait mon vénéré père, Mohamed Hassan Ouazzani.

Houria Ouazzani

10 mars 2022